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L'enfant dessine la maison. Il y a des fenêtres avec des volets, une cheminée qui panache, des tuiles orange. Il dessine aussi des arbres, un chemin, des champs et un soleil, rajoute quelques nuages. Met du bleu dans le ciel. Assurément, l'enfant est fier de son dessin. Parfois, il y ajoute des fleurs. Met des feuilles aux arbres. On croit toujours que c'est le printemps et l'été, un dessin d'enfant. Si le même enfant devait dessiner la maison, l'intérieur, ce serait un tout autre décor. il dessinerait quelque chose de plus sombre. On y verrait un ou des couloirs. Et aussi des portes fermées. Il y en aurait deux à gauche, une à droite, une au fond. Il y aurait sûrement une lampe qui éclairerait faiblement tout ça. On n'imagine pas que ce soit l'automne et l'hiver, un dessin d'enfant. Sauf s'il peint la neige. Avec son bonhomme, un bonnet, une carotte.Nanti de ses deux dessins, les exposant aux regards des autres, issus de la même main, du même coeur, des mêmes yeux, l'enfant scruterait  les réactions. Sûrement qu'il verrait des sourires  face au dessin coloré et lumineux, et noterait des grimaces face au dessin sombre, ou des sourires qui viendraient à s'effacer, des sourcils qui se fronceraient. Sûrement qu'il penserait alors que le coloré et lumineux, c'est normal, que le sombre, ce n'est pas normal. Sûrement alors se mettrait-il à s'interroger sur la meilleure manière de dessiner. Peut-être déciderait-il de lui même de ne plus produire que des dessins colorés et lumineux. Oubliant la part d'ombre. Croyant l'oublier. Cherchant juste à la nicher quand même, dans la fumée grise de la cheminée par exemple, ou noircissant la route. Les autres ne veulent voir que le soleil, n'est-ce pas ?