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Elle arrive presque à l'heure dite et à celui qui a prévenu qu'il ne viendrait pas, elle dit avec un sourire pendant que les yeux donnent plutôt l'impression d'allumer un incendie, tu aurais  pu venir, quand même. Elle ajoute : tu aurais pu faire l'effort !
Il pense alors, mais qu'est-ce que tu me racontes, là ? Qu'est-ce que tu en sais, toi ? Pourquoi tu affirmes cela ? Il adopte cependant le sourire pour répondre histoire d'éteindre l'incendie : quand je pense à tous ces endroits où j'aurais pu aller... 
Elle n'insiste pas pendant qu'il se dit que décidément, les gens vont vite à se faire des idées sur rien, puis à la lâcher comme des bouses qui tomberaient. Mais de quoi je me mêle ?
Il se demande aussi si, de la même manière, les gens se font des idées sur tout ?
Il pense finalement que la pression sociale, ce doit être ça : ces phrases gratuites qui, dites l'air de rien, après coup, sont un prix à payer. Ces jeux de mots et de regards qui installent du malaise sans qu'on en saisisse tout à fait le sens.
Peut-être est-ce cela, le principe des vases communicants ? Le fait que rien ne se perde ?
Peut-être est-ce cela que l'on a appris dans nos écoles, nos familles, nos vies professionnelles : devenir les ambassadeurs tacites et zélés d'une pression qui surgit de nulle part et qui est partagée par tous, comme si flottait dans l'ère un discours invisible, une leçon que l'on réciterait finalement.
Ne pensons-nous pas, tous, que c'est la crise ? N'en avons-nous pas la certitude ?