Magazine

Après avoir bavé, déféqué, rôté, parlé, marché, trotté, couru,...

Publié le 15 décembre 2012 par Fabrice @poirpom
Après avoir bavé, déféqué, rôté, parlé, marché, trotté, couru,...
Après avoir bavé, déféqué, rôté, parlé, marché, trotté, couru,...
Après avoir bavé, déféqué, rôté, parlé, marché, trotté, couru,...
Après avoir bavé, déféqué, rôté, parlé, marché, trotté, couru,...
Après avoir bavé, déféqué, rôté, parlé, marché, trotté, couru,...
Après avoir bavé, déféqué, rôté, parlé, marché, trotté, couru,...

Après avoir bavé, déféqué, rôté, parlé, marché, trotté, couru, grandi, fumé des spliffs en cachette, ricané comme une idiote et tout pompé à ses voisins pour décrocher douloureusement son bac, Angelica Dass, née à Rio de Janeiro en 1979, y fait des études. Beaux-Arts et design de la mode. Une bien belle fumiste. Elle vide ensuite les poches de ses vieux et se tire en Espagne, se goinfrer de tapas et siffler des tintos de verano et des cañas en terrasse. Le jour, quand elle parvient à émerger, elle étudie Création et Conception Photographique à l’EFTI, l’école de photo de Madrid. Championne du Monde de l’enfilage de coquillettes dans un fil à coudre, la demoiselle.
Pendant ce temps-là, dans le New Jersey, aux États-Unis, rien ne se passe. Si: en 1866, un mec monte une petite boîte qui bricole des nuanciers pour les fabricants de cosmétique. Afin de les aider à facilement fabriquer des rouges à lèvres plus ou moins rouges. Mais c’est tout. Si, encore: Franck Sinatra, Bon Jovi, Lauryn Hill et Kool and the Gang sont tous du coin. À part çà, le New Jersey est indétectable au radar. En pratique, il sert de banlieue Ouest et Sud à New York et de banlieue Est à Philadelphie. Mais là vraiment, c’est tout.
À Madrid, au début du XXIe siècle les jours passent. Au cours de ses interminables études inutiles et hors de prix, Angelica Dass se prend d’affection pour une babiole. Un éventail coloré. Bien pratique les lendemains de cuite, pendant les grosses chaleurs madrilènes, pour se ventiler la gueule. Cet éventail rescussiteur d’alcoolos s’appelle un nuancier. Un nuancier PANTONE. Pondue par la boîte éponyme qui a vu le jour en 1866. Dans le New Jersey. Les rouges à lèvres. En 1963, cette même boutique pond le PMS, Pantone Matching System. Devenu depuis l’un des principaux outils de classification des couleurs utilisé partout dans le monde où les gens impriment. Chaque couleur a son code alpha-numérique. En théorie, cela permet de parler la même langue. En pratique, les imprimeurs sont tous des ours et les graphistes de vraies pisseuses. Mais Pantone met quand même tout le monde d’accord.
Ce bleu-. PMS 297. OK?
Le nuancier entre les mains, Angelica rigole toute seule. Les tintos de verano, c’est du rouge qui tâche mélangé à de la limonade. Les espinguoins en raffolent. Les cañas, de simples pressions servies dans des verres en tube. Le mélange des deux déglingue l’estomac et décuple le débit de conneries mentales. Même le lendemain. Surtout.
Une connerie peut rapidement devenir une idée peut devenir un projet peut devenir une occupation à plein temps. Arrive le 7 Mai 2012. Elle publie, sur un site dédié, trois premiers clichés. 488 C, 58-7 C et 61-6 C. D’autres suivront quelques semaines plus tard. Puis d’autres encore. Plus de trois cent cinquante à ce jour. Et elle continue.

Humanae. Inventaire chromatique de l’espèce humaine.

Avec cette connerie devenue idée devenue projet devenue occupation à plein temps, Angelica Dass réduit la couleur de peau à ce qu’elle est: une pigmentation. Une information colorimétrique. De simples variantes d’un même nuancier.
Ça déglingue, la limonade.


Retour à La Une de Logo Paperblog