Ma surprise est que jamais je n’ai attendu autant de temps pour entrer à Beaubourg. En 10 ans de vie parisienne, j’ai toujours bien profité de ce lieu d’art en rendant visite à l’art africain, Nan Goldin, Annette Messager, les surréalistes… mais jamais le temps ne m’a paru si long devant ce grand bâtiment, imaginé par deux jeunes architectes, à l’époque, Renzo Piano et Richard Rogers. On dit qu’ils n’ont utilisé que la moitié de l’emprise au sol qui leur était disponible pour construire leur bâtiment, mais qu’ils ont décidé de faire de l’autre moitié une piazza, une sorte de lieu public, que les parisiens, touristes et visiteurs se sont super bien appropriés.
Donc ça c’était pour la leçon. Revenons à Dali. Pour moi, Dali, c’est avant tout le catalan qui faisait le con à la télé dans les années 80. Par exemple, je me rappelle très bien (et vous aussi, j’en suis sûre) de cette pub.
C’est aussi pour moi le type qui a voué un amour sans limite à la sublime Gala, qu’il a piqué à Paul Eluard.
Au début de leur amour... (1929).
Plus tard...
L’exposition rend la part belle de Dali pour le surréalisme, en ouvrant par le film de Luis Bunuel, Le chien andalou, pour lequel Salvador Dali a co-écrit le scénario. Le chien andalou, ça aussi vous connaissez vous qui vous tournez souvent dans les magasins de cartes postales autour des lieux d’art. On y retrouve souvent cette scène de l’œil découpé…
Image du film Le chien andalou (1929)
L’exposition propose un parcours chronologique durant lequel l’évolution du peintre est très sensible, mais très rapidement, il a su trouver sa signature et ses fameux trompe-l’œil . Outre ce parcours dans le temps, la balade se veut parfois thématique et c’est autour de la psychanalyse que j’ai plutôt envie de vous parler.Dali a développé la méthode paranoïaque-critique, un truc un poil complexe dont je vais vous épargner mais tout ça pour vous dire que le peintre s’est inspiré des thématiques psychanalytiques, comme bon nombre de surréalistes d’ailleurs, dans ses œuvres. Le désir est l’une des fondations de la théorie de Freud et Dali l’a très bien représentée dans un tableau intitulé L’énigme du désir. Dans chacune des alvéoles est inscrit « Ma mère », rapport au bidule d’Œdipe.
L'énigme du désir (1929).
Sauf que ce tableau est absent de l’exposition. C’est dommage. Je l’avais découvert grâce à la superbe exposition sur les surréalistes en 2009.Mais on y voit avec plaisir (dans l'ordre) Construction molle avec haricots bouillis (1936) et le célèbre Persistance de la mémoire (1931), sans compter le téléphone homard, exposé en blanc dans cette exposition.
Tout ça pour vous dire les amis que la file d’attente d’1h15 sur la piazza vaut bien les découvertes que vous allez faire et que ce dinguo de Dali était un peintre sacrément facétieux.