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LA COMMUNAUTÉ DANS LE NOUVEAU MONDE – les premiers pas 15

Publié le 03 février 2013 par Honorquest

cardinal.jpgLe mode décisionnel de tous les cercles communautaires est le consensus. Dans un cercle, il n'y a pas de discussion. Chacun exprime sa vision personnelle de la problématique étudiée, et seulement cela. Personne ne réfute ou ne discute ce qu'un autre a pu exprimer, jamais l'on ne parle contre quelqu'un d'autre dans le cercle. La personne qui s'exprime peut éventuellement faire appel à une autre si elle souhaite des renseignements, mais c'est elle qui contrôle le déroulement de ce partage, on en revient donc toujours au "je" qui s'exprime et à l'écoute active. Pour le maintien de ce principe, il se trouve lorsque nécessaire une personne responsable du bâton ou de la plume de parole du cercle, chargée de garantir le droit et le temps de parole de chacun, ce qui est une loi fondamentale du cercle. Enfin, quand les avis de tous ont été entendus, quelque chose se dégage de l'ensemble des opinions. Alors, une personne habituellement douée pour faire le bilan, en général le gardien de l'objet qui parle, une personne qui se doit de rester plus neutre que les autres, va avoir pour tâche, au sein du groupe, de formuler une synthèse à partir des opinions que chacun a exprimées. Et c'est cette synthèse de toutes les opinions exprimées qui va former le corps de la décision prise par le conseil communautaire.

Il va de soi que ce mode décisionnel ne s'apprend pas en un jour. Il ne s'agit pas d'apprendre à être tous d'accord pour en arriver à ces résultats. La manière de penser, de s'exprimer, d'amener un sujet, de dégager un consensus, synthèse des opinions de tous, la manière de laisser le groupe avancer vers la prise d'une décision même si l'on n'est pas tout à fait d'accord, dès lors que l'on n'a pas de meilleure idée que ce qui est proposé afin que les choses puissent aller de l'avant, la conscience enfin de ses propres résistances, par exemple l'antipathie pour l'un ou l'autre, et la capacité à ne pas les mêler à la discussion du groupe, sont autant de dimensions qu'il est important d'intégrer à l'apprentissage d'un cercle décisionnel communautaire.

On retrouve encore le principe de l'harmonisation au sein du cercle communautaire de décision. En effet, le cercle permettant à chacun de véritablement dire le fond de sa pensée en étant écouté activement, et enseignant en même temps à chacun à écouter activement, l'expression et l'acceptation de la personne sont suivies de l'harmonisation de l'un au groupe, et du groupe à l'un. Ainsi, la prise de décision par consensus peut prendre du temps selon les décisions et les thématiques en question, mais à long terme elle est nettement plus rapide et efficace qu'un mode de décision fonctionnant sur le vote majoritaire, parce qu'il n'y a jamais d'opposition ni de discussion inutiles, il y a seulement des contributions. Après un certain temps, lorsque l'on est habitué, l'on sait que, même si la décision ne plaît pas, dès lors que l'on n'a pas vraiment d'objections, il faut l'accepter pour que les choses avancent. Il faut rester souple.

Dans bien des communautés, les réunions ont lieu très fréquemment, parfois même tous les jours, bien souvent de manière très informelle. En fin de journée, les travailleurs, les gens actifs dans les travaux importants pour la communauté se rassemblent, autour d'un repas ou pour jouer un peu de musique. Ils vont naturellement parler du travail effectué dans la journée et déterminer ce qu'il y a à faire le lendemain après avoir entendu la contribution de tous ceux qui se sont activés. C'est un mode de direction communautaire très efficace, très souple, très convivial, très éclairé, et qui permet à tous de participer dans la mesure de leurs possibilités.

Les représentants de la communauté sont également choisis par consensus. De cette manière, la personne qui représente la communauté est toujours la plus indiquée pour tenir ce rôle. Mais il ne s'agit pas d'un chef. La notion de chef était très différente chez les autochtones de ce qu'elle est dans la société occidentale. Dans la société occidentale, le chef peut prendre des décisions pour la multitude. Dans la communauté, cela ne fonctionne pas ainsi. Celui qui est élu est un représentant, un animateur qui fait ce que le conseil lui enjoint de faire. Il est là pour accomplir la volonté de la communauté et non pour dire à la communauté comment elle doit agir.

De même, la communauté choisit d'autres personnes en fonction de leur talent pour animer le groupe dans différentes activités. Celui qui connaît bien la forêt et les arbres sera le guide pour la corvée du bois de chauffage. La femme qui a le plus d'expérience dans la récolte des légumes sauvages emmènera à la saison propice le groupe à la cueillette. Pour un temps, quelqu'un va être délégué pour effectuer une tâche particulière. C'est la personne la plus habile dans un domaine spécifique qui va recevoir la charge d'animer le groupe tout entier à l'occasion de cette activité. Il s'agit donc à nouveau ici du respect de tous et de l'esprit de co-création. Ainsi les tâches sont-elles partagées de manière efficace et équitable, chacun contribuant dans la mesure de ses talents. Il n'est pas de hiérarchie dans le modèle communautaire du cercle sacré.

la suite demain...

Aigle Bleu  


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