Dans sa course folle vers son autodestruction, l’espèce humaine ne manque pas de ressources, ni d’imagination. Notamment d’imagination pour gaspiller les ressources les plus essentielles à sa survie.
Ainsi, il n’est pas rare de la voir s’embarquer dans d’improbables machines, avec pour seul et unique but de rouler le plus vite possible sur un ruban de bitume clos, dont la ligne de départ se confond irrémédiablement avec la ligne d’arrivée. Dans des compétitions qui peuvent durer plusieurs heures, chaque seconde compte pour s’éloigner le plus rapidement possible du début du parcours, tout en s’en rapprochant au plus vite. Ou comment perdre son temps en essayant d’en gagner.
Ce faisant, elle en profite pour détruire l’élément principal qui constitue la base de sa civilisation : le pétrole. Cette huile minérale composée d’une multitude de composés organiques peut en effet être utilisée sous forme de plastique, pour sauver des vies dans les hôpitaux ou pour emballer des barquettes de Granola. Sous forme de carburant, dans une ambulance pour assurer un accouchement dans les délais ou dans une Formule 1 pour se dépêcher d’aller nulle part.
Impossible dès lors de se moquer du hamster fonçant à toute allure dans sa roue quand l’Homme en fait autant avec quatre. Brûler un élément naturel rendu indispensable par les progrès de la technique, en tournant en rond sur une piste elle même composée par cet élément. La boucle et bouclée.
Force est de constater que ce spectacle attire autour du circuit, bon nombre d’adeptes venus acclamer les héros de la route, les stars de l’asphalte, les rois du bitume. Dans une ferveur sans pareille, ils communient avec leurs idoles et les exhortent à davantage de prises de risques inutiles. Ainsi, il n’est pas rare d’en voir un quitter la piste pour foncer dans le mur. En parfaite allégorie de ce qui attend l’humanité.
Dans quelques millions d’années, lorsque nous aurons disparu, sans doute le jeu des pressions et des forces telluriques fera de nos restes, à nouveau, du pétrole. Une espèce pas plus évoluée que la nôtre utilisera-t-elle alors cette ressource pour organiser des courses automobiles ? Sommes nous seulement capable de briser le cercle vicieux de la fatalité ?
Les solutions sont connues, efficaces, et peu contraignantes. Adapter nos désirs à nos besoins, nos plaisirs à nos ressources. Cesser de tourner en rond en donnant tout simplement un sens à notre existence.
Guillaume Meurice
03/02/2013