Magazine Humeur

Chère Carla

Publié le 27 novembre 2012 par Almiragulsh @DBEDF
Chère Carla Bruni. 
Je cherche mes mots. Comment te dire ce que j'ai sur le coeur sans te vexer? Comment t'avouer le fond de ma pensée sans que tu le prennes mal? Laisse moi réfléchir une seconde...Ah oui, c'est ça. Ta gueule.En toute simplicité. Ferme la. Voilà.Ca fait longtemps que je te connais Carla. C'est d'ailleurs pour ça que je me permets de te tutoyer. Quand j'étais petite, j'admirais ta plastique capturée par le papier glacé des magazines de ma mère. Puis, j'ai suivi de loin en loin certaines de tes amourettes, avec parfois une pointe de jalousie (Mick Jagger quand même!). Encore un peu plus tard, j'ai acheté ton album. Je l'écoutais en boucle. Je t'aimais bien, voir même plus, je t'admirais. Un mannequin intello de gauche qui assume sa sexualité, son mode de vie, ces passions. Je te trouvais rock n roll. Je n'irais pas jusqu'à dire que je m'identifiais, mais quand même!
Puis petit à petit, je me suis un peu désintéressée de toi. J'ai écouté d'une oreille tes albums suivants avant de passer à autre chose. C'est qu'ils cassaient pas trois pâtes à un canard, tu vois. C'est bien beau d'avoir une voix qui sent le cul et des grands cheveux parfaits, mais c'est pas ce qui va susciter mon intérêt. Alors je t'ai un peu oubliée.Jusqu'au jour ou j'ai appris que tu fricotais avec notre président de l'époque. Non pas que ta vie sexuelle me passionne, tu couches bien avec qui tu veux. Juste que j'ai eu l'impression pendant un temps d'être une oie que l'on gave à grand renfort de déclarations officielles et d'interventions de Jacques Séguéla. J'avais rien demandé, tu comprends?Du moment ou tu es devenue Première Dame, tu as commencé à me mettre sacrément mal à l'aise. Je suis pas très à l'aise avec le fait que coucher avec le président puisse donner un tel statut. Qu'il s'agisse d'un président que j'ai choisi ou d'un que je subis. Dans ton cas précisément, j'avais du mal à comprendre ce que toi, l'intello bobo de gauche tu pouvais faire là. Bon après, tu pourras me dire qu'il n'y a que les cons qui ne changent pas d'avis, mais avoue que tu nous a fait un sacré volte face. Mais ça ne s'est pas arrêté là. On a commencé à te voir revêtir des tailleurs à la Jackie O et à faire des révérences polies à tous les grands de ce monde. Et s'il est évident que ton époux est a des années lumières de la prestance d'un Kennedy, tu as parfaitement tenu ton rôle de machine à remonter le temps. A chacune de tes apparitions de jolie potiche, je me retrouvais catapultée dans une cuisine en formica à attendre le retour de mon cher et tendre. On peut pas dire que ça me rendait particulièrement heureuse, mais c'est semble-t-il la loi de la démocratie: on élit un président, on doit subir la première dame. 

Chère Carla

(à trois j'ai une idée: un... deux... ...)

Quand tu n'as finalement pas été reconduite, j'ai pu pousser un grand nombre de soupirs de soulagement (ne t'inquiète pas, tous ne t'étaient pas destinés). J'étais soulagée. Je ne me sentirais plus obligée de me flageller à chacune de tes apparitions pour me punir de t'avoir un jour appréciée au point d'acheter un de tes albums, puisque apparitions il n'y aurait désormais plus. Pardonne moi, j'ai été naïve. J'ai cru que tu partagerais la retraite discrète et dorée de ton époux, et qu'on ne te verrait qu'en de rares occasions à connotation pipolo-caritatives. Et bien non. Il a fallu que tu l'ouvres. Et pour débiter un monceau de conneries plus gros que toi. Je te cite:"dans ma génération on a pas besoin d'être féministes"
Aaaah. Je suis donc ravie d'apprendre que le combat pour la parité a enfin été gagné. Je suis ravie d'apprendre que les hommes et les femmes à compétences et postes équivalents gagnent le même salaire. Je suis ravie d'apprendre que mes seins et mon vagin ne m'empêcheront plus d'accéder aux plus hautes responsabilités. Je suis ravie d'apprendre que les ministres en jupe ne se font plus huer. Je me réjouis d'apprendre que le harcèlement de rue est derrière nous. Je suis soulagée de savoir qu'enfin la question du viol, des agressions sexuelles et du harcèlement a été définitivement réglée. Je me félicite de ne plus avoir à subir des publicités sexistes en 4 par 3 dans les rues ou juste avant le 20h. Je suis soulagée de savoir que mon patron ne me dira plus jamais "mais t'as tes règles ou quoi" si d'aventure je lui réponds un peu sèchement.Ma chère Carla, que tu kiffes ton statut de bourgeoise casanière, grand bien te fasse. Que tu penses que ta place soit bien au chaud devant ta cheminée en marbre à regarder tes enfants grandit, soit. Mais s'il te plait, garde tes réflexions sur les avancées sociales que nous devons faire ou pas dans ta jarre à cookies en cristal de Baccarat. Je t'embrasse pas, j'en ai pas besoin.Almira

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