Une place à prendre de J. K. Rowling

Publié le 16 novembre 2012 par Aniouchka

Elle était attendue au tournant. Cinq ans après avoir publié le dernier tome de la saga Harry Potter, J. K. Rowling signe son grand retour avec Une place à prendre, un roman pour adultes assez trash, qui procure toujours le même plaisir à la lecture.
Un roman social Je préfère vous avertir d'emblée : si vous lisez Une place à prendre, ne vous attendez pas à pouvoir le comparer avec Harry Potter, vous en seriez déçus. Dans ce roman, J. K. Rowling dresse un portrait social de la campagne anglaise et dépeint sans ménagement les moeurs les plus viles et les plus méchantes qui existent dans la nature humaine. 
Barry Fairbrother, notable de la ville de Pagford, meurt subitement. Son siège au conseil paroissial de Pagford étant inoccupé, les prétendants au poste organisent une campagne électorale où tous les coups sont permis. Très vite, cette campagne devient le révélateur des tensions sociales qui existent entre Pagford et la cité des Champs (la cité HLM qui exaspère tous les "bons citoyens" de Pagford), mais aussi entre les individus eux-mêmes.
Les relations parents/enfants, pour la majorité conflictuelles, occupent notamment une place prépondérante dans le roman. Andrews, Fats, Sukhvinder, Gaïa, Krystal... tous sont à un moment ou à un autre confrontés au désamour, à l'indifférence, à l'incompréhension voire à la violence de leurs parents, et instrumentalisent la campagne pour se venger.
Des personnages creusés
J. K. Rowling a, comme à son habitude, beaucoup travaillé ses personnages. Ce que j'ai particulièrement apprécié dans Un place à prendre, c'est qu'aucun des personnages n'est entièrement bon ou mauvais. Il n'existe pas de manichéisme dans ce roman et même si, de manière assez générale, les hommes se révèlent lâches et les femmes hystériques, chaque personnage présente des aspects positifs et négatifs. Le seul personnage que m'est paru "lisse" est Barry Fairbrother, que l'on ne connaît qu'à travers les souvenirs idéalisés que les survivants ont de lui.
Une dernière chose que montre parfaitement J. K. Rowling et qui m'a beaucoup plue : que l'on vive dans la cité misérable des Champs ou dans un magnifique cottage de Pagford, la violence et le malheur, tout comme l'amour, ne s'arrêtent pas aux limites du cadastre. Riche ou pauvre, conservateur ou progressiste, drogué ou non, la vie est compliquée dans les deux camps.
Dans un style direct, sans mâcher ses mots, J. K. Rowling décrit, dans Une place à prendre, une réalité brute, dure et sale, sans jamais l'enjoliver. Au final ressortent les efforts de tous pour prendre soin de leurs proches, par delà les petites guerres politiques et les démonstrations d'ego. L'exploit de J. K. Rowling est de faire de ce roman au thème banal un chef d'oeuvre sur les relations sociales, que l'on ne peut plus lâcher avant de l'avoir englouti.
Ma note : 18/20
Une place à prendre de J. K. Rowling, Grasset, 2012, 680 pages
Je remercie chaleureusement Priceminister qui m'a gracieusement envoyé Une place à prendre dans le cadre des Matchs de la rentrée littéraire.