Cela pourrait faire l’objet d’une chronique quotidienne ou d’une aventure exceptionnelle, je ne sais pas réellement à quel endroit ranger cette réflexion.
Je prends le train de banlieue, tous les matins, et il m’arrive de croiser le conducteur, assez rarement en fait.
Je me suis posé une question simple : celui qui a le pouvoir de faire respecter la ponctualité des horaires auxquels je me réfère vient-il lui-même en train avant de conduire le sien ?
Car le train est toujours en retard. Lequel ? Le sien ? Le mien ? Le mien, incontestablement. Qu’est-ce qui s’est passé ?
Mon conducteur a-t-il pris un train qui a raté son arrivée théorique en gare et donc il n’a pu être à l’heure pour son propre train ?
Oh, c’est ténu : 2 minutes de retard au départ, presque 3 minutes à l’arrivée dans ma station ; mais pourquoi je m’impatiente pour 5 minutes ? Parce que j’adore raler ?
Non, parce que les 3 minutes perdues se sont transformées en 20 minutes d’attente supplémentaire par la magie des horaires en décalage – défavorable – pour les usagers et puis, parvenu à destination, à 25 minutes.
Le temps s’est égaré dans un espace-temps dont lui seul connaît le lieu. Mon temps, le mien, bien réel, comptable, s’est transformé en excuses plates vis à vis de la personne avec laquelle j’avais rendez-vous, et qui, lui, était à l’heure. Et il avait fait 300 kilomètres pour constater mon retard…
Bon, je ne dis pas, j’ai parfois quelques alibis valables : « maintenance des trains », « intempéries », « accident voyageur », « câbles volés », « colis suspect », « avarie matériel », « problème de signalisation ». Je n’évoque même pas la grève car j’ai un motif pour chaque jour.
Toutefois, ces événements factuels ne sauraient m’aider à comprendre le mystère des trains qui n’arrivent jamais à l’heure, ce qui confère à la grille d’horaire officielle un caractère folklorique, consultatif et inexact. Mon petit train de vie…