Cette église du MOULE, je croyais la connaître, pour y avoir été tant de fois. Pour y avoir entendu les belles homélies du Père Jean ou du Père Gillot, pour y avoir communié souventes fois, pour y avoir accompagné ma Mère. Je croyais connaître dans ses moindres détails cette église, ses vitraux, son autel, ses peintures, sa chorale, son orgue… Pourtant ce mardi 5 février la cérémonie funéraire d’Yvon MATHURIN m’a troublé à un point tel que je ne reconnaissais plus les lieux, je ne me reconnaissais plus dans ce lieu.
Oui je l’avoue : les larmes que je n’ai pas versées pour Jean et Georges tes deux frères ou pour Maître Jean-Michel MATHURIN, ton père, ces larmes ont coulé pour toi Yvon.
J’ai été ému au-delà du possible par le caractère très particulier de cette messe, les chants… et puis est arrivé le témoignage de tes petites filles, très émues toutes, venues nous parler de toi avec des mots simples et quelques sanglots dans la voix. Ton ami-frère Guy, ami depuis les jeux dans « La Batterie » et les bancs de l’école, a ensuite lu un texte d’une grande simplicité évoquant dans chaque phrase l’amitié qui le liait à toi de si longue date et ce doux reproche : que n’as-tu pensé un peu plus à toi à ta santé ! Enfin ton fils, ton portrait craché dans des sanglots impossibles à retenir a parlé de toi en termes forts et directs. Je ne peux pas parler de Jean-Louis sans évoquer aussi Didi qui avait choisi lui l’épreuve physique de te porter sur ses épaules avec ses cousins… ce fut un geste que je n’oublierai, pas de ce lourd cercueil peinant à monter ces quelques marches de l’église du moule.
Et autour de toi la foule des grands jours. Tu aurais aimé voir cette église pleine à craquer, la rue Saint-Jean noir de monde : le corbillard tournait près de la pharmacie qu’il y avait encore foule sur la place de l’église, la foule encore assemblée autour du petit caveau familial.
La veillée de lundi soir a été comme dans nos traditions et l’occasion de voir et de revoir tes amis venus de partout… 1 400 petits sandwiches rien que cela une soupe à pieds que tu aurais aimé déguster avec nous… le petit punch. Et ceux qui n’ont pu venir te saluer ont envoyé moult messages par email, téléphone ou SMS. Des fleurs tu en as reçu des montagnes… de magnifiques bouquets de toutes formes de toutes couleurs et dans le cahier de condoléance encore des mots inspirés pour te saluer cher Yvon.
D’où te venait cette capacité à aimer de la sorte. Etait-ce ce dur métier d’Huissier qui t’avait amené à regarder, à toucher toute la misère du monde. Etait-ce tes paires ou mieux ton père lui-même huissier de justice… Etait-ce un don naturel de pouvoir toujours répondre oui.
Le mardi matin ta sœur, mon épouse et moi nous avons passé un long moment à tes côtés. Occasion de recevoir des gerbes de fleurs et quelques témoignages encore des témoignages… Non pas le petit mot et Hop je suis reparti à mes préoccupations… Non de longs moments d’intimité dans la relation avec toi… l’Homme qui comprenait toutes les misères du monde et pouvait trouver des mots rares, des gestes d’amour pour soigner, aider, cajoler, offrir un petit viatique pour la route qu’il faut poursuivre quoiqu’il arrive. Oui j’ai reçu un Chef d’entreprise venu te dire merci, une jeune femme venu te dire merci, une filleule des Grand-Fonds de Sainte-Anne venue te dire merci, un magistrat venu te dire merci, un avocat venu aussi te dire merci… Et ces quelques mots marqués…
Nous ne t’oublierions jamais… Un Grand Guadeloupéen nous a quittés… pour mon Frère… Yvon était pour moi comme un grand frère. Les mots me manquent… Que Dieu le prenne dans ses bras… Comment aurions-nous pu penser qu’en partant de chez nous mercredi tu nous quittais définitivement. Ta gentillesse, tes prévenances, tes conseils éclairés, et toutes les attentions que tu nous témoignais, nous en voilà désormais privé. Tu es de ceux qui nous donnaient tant d’affection et de grands moments de joie dont nous devons nous passer. Où que tu sois tu continueras à nous protéger et nous aimer. Tu étais l’ami, le frère, le tonton que nous ne pourrons oublier. Tu savais si bien comprendre les autres, les aider et leur apporter amour et réconfort ! Tu mérites un paradis éternel que Dieu ne te refusera pas.
Et ces mercis ne concernaient pas le service ou l’acte que tu avais commis pour eux, mais l’obligatoire relation humaine qui s’en était suivi par le simple miracle de ta capacité à recevoir l’amour des autres. Comme c’était émouvant cette constance dans l’hommage de toi et de ta gentillesse. Mais pourquoi ne pas aussi te dire que dans tous ces mots quelques un très lucides te reconnaissaient quelques défauts… N’étais-tu pas Homme toi aussi… Mais le principal reproche que l’on te faisait, à part certaines petites colères, était de te refuser, à toi, les conseils donnés si généreusement à tous.
Voilà mon Cher Beau-Frère le modeste hommage que je tenais à te rendre, parce ce que tu as tout fait pour que la « Terre Rapportée » que j’étais soit accueillie dans ta belle et grande famille avec amour et générosité. Pendant cette messe du 5 février 2013 en l’église Saint-Jean-Baptiste du Moule, je me suis souvenu de cette fête de Sainte-Anne : tu avais invité tes amis. Je me suis souvenu de la soufrière et de mon évacuation. Que n’as-tu pas fait pour nous aider moi et de nombreux autres Basse-Terriens. Je me suis souvenu de la grande affection que nous avions tous les deux pour Lili PITAT LOISEL et comment tu l’avais aidé au moment du décès de son cher Jo…
Difficile de clore ce message… Tant d’autres choses à te raconter… Mais je continuerais le dialogue avec ta famille et tes amis à qui j’adresse mes condoléances attristées et mon amour.
Merci Yvon pour tout ce que tu as été : un homme d’amour et d’affection d’une générosité rare.