Le petit Richard Parkin, c’est le maillon faible de l’équipe. Le mec toujours en retrait, qui semble nécessaire mais pas indispensable, et encore moins irremplaçable. Le mec qui arrive en catimini, parce qu’il semble malléable, parce qu’il semble avoir moins de talent, voire pas de talent du tout. Parce qu’il n’a pas d’ego sur-dimensionné, parce qu’on pourra le cornaquer et lui faire tout accepter. Et surtout, parce qu’il ne fera pas de vagues, ni d’ombre. A qui que ce soit. L’exact contraire de Pete, qu’il remplace, en fait. Il est timide, personne ne le connaît vraiment intimement, et il doit faire ses preuves.
Son enfance de merde, sa jeunesse sans père, son coma à six ans et demi, sa pleurésie à 13 ans, son retard scolaire (il apprend à lire seulement à 9 ans), tout ça fait de lui un miraculé. Un mec qui se retrouve là un peu par hasard, qui a frôlé la mort, qui a appris à taper sur des caisses pendant ses cures, qui est trop content de vivre pour en demander plus. Et pourtant. Ce mec là, c’est celui qui donne tout son sens à l’ensemble. Celui sans qui cela n’aurait jamais été aussi bien. L’un des meilleurs batteurs de sa génération. Sa chance est aussi son malheur: il reste à jamais le 4e larron « potable » d’une bande de génies. Faut dire que bosser avec John et Paul, c’est compliqué. Richard Parkin, le doyen, se retrouve dans la même charrette que George, le benjamin: les faire-valoir, les seconds couteaux, les exécutants, par rapport aux artistes, aux génies, aux talentueux.
Pour preuve, Richard et George vont être autorisés avec parcimonie à contribuer à la partie créatrice. Ça ne les empêche pas de faire le taff. Très bien même. Richard, il a un truc. Richard, c’est le mec lucide: « Chaque fois que j’entends un autre batteur je sais que je ne suis pas très bon ». Sauf que Richard, il sait taper juste. Juste, c’est-à-dire au bon moment, et à la bonne intensité. Richard joue sobrement, mais il a le feeling parfait pour satisfaire la folie créatrice de ses comparses. Le feeling parfait, et pour le coup indispensable.
Richard Parkin, c’est le mec sans qui les Beatles n’auraient probablement pas autant cartonné. Richard Parkin, c’est en fait Richard Starkey, mais c’est surtout Ringo Starr.