Pour moi, elle restera toujours la personne qui m'avait donné une de mes plus grandes chances dans la vie quand elle m'a embauché ce jour d'été de 1974. Sans ce poste, qui sait ce que j'aurais bien pu faire de ma vie? Serais-je allé vivre en Amérique ? C'est fort possible, parce que cela faisait partie de mon « plan original » mais le reste de mon histoire aurait pu être très différent.
A son âge fort respectable, Mme Beyl continue de parler et de penser comme elle le faisait quand je la côtoyais dans les années 70 et au début des années 80. Elle n'a pas changé ; elle a conservé toute son énergie débordante. Elle conduit toujours sa Mini Cooper et ne se laisse surtout pas faire. Elle m'a raconté que tout récemment, alors qu'elle s'apprêtait à reprendre sa petite auto anglaise, elle a entendu deux jeunes hommes qui ricanaient à son sujet en disant, tout haut : « Regardes-moi cette vieille avec sa Mini ...» Elle s'est alors redressée et leur a dit d'une voix parfaitement assurée : « La vieille, elle vous emmerde ! »