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Le cinoche à Jules-Gangs of New York

Publié le 11 février 2013 par Jules

gangs

Martin Scorsese, après Bringing out the dead, va continuer à exhumer les fantômes du pavé New Yorkais. Son film suivant, Gangs Of New York nous raconte à travers le récit d’une vengeance, une époque peu connu de l’histoire des états Unis.

C’est un projet chère à Scorsese, depuis la découverte du livre d'Herbert Asburydans les années 70, il n’a eu de cesse de mettre en image cette page d’histoire fiévreuse. Pour diverses raisons, (impossibilité de financer ce genre de projet suite à l’échec de the Heaven’s Gate, script impossible à finaliser) plusieurs décennies passent sans que le projet ne voit le jour. Puis arrive Harvey Weinsten et tout va aller très vite.

La production de Gangs Of New York est à elle seule une épopée. Entre rumeurs et désinformations il est difficile de savoir précisément se qui s’est passé entre Martin Scorsese et le boss de Miramax, on en connait tout de même les grandes lignes. Martin Scorsese, malgré la reconnaissance mondiale de la critique est un réalisateur complexé. Il est réellement persuadé de ne pas être un bon metteur en scène. Son rêve absolu ? Enfin recevoir l’Oscar. (Il n'a jamais digerér que son chef d'oeuvre, Raging Bull ne l'obtienne pas.)

Harvey Weinsten est un personnage trouble. A la fois sauveur du cinéma indépendant dans les années 90 et faiseur d’Oscars, il est aussi craint par tout les réalisateur de la planète. Ses colères sont légendaires et il a la fâcheuse manie de modifier les films qu’il produit. Il n’hésite d’ailleurs pas à refaire retourner des scènes entières (par le toujours bien disposé Roberto Rodriguez) et cela sans le consentement du réalisateur attitré. En fin manipulateur, Harvey va persuader Marty qu’avec lui l’Oscar c’est dans la poche. Il décide donc de financer Gangs of New York en lui promettant une liberté absolue, et à la clef le trophé tant convoité.

« Le sang doit rester sur la lame. »

Le script enfin prêt et le casting finalisé, l’équipe du film s’installe à Rome dans les légendaires studios de Cinecitta. Mais le tournage va prendre du retard et le budget du film, déjà élevé va rapidement grimper (méttant en péril les autres productions Miramax). Harvey se mêlant de plus en plus du contenu du film va se heurter à un Scorsese beaucoup moins manipulable que prévue et, prêt à tout pour conserver intact sa vision du film. Suite à de grosses engueulades (un bureau aurait valsé) Harvey prend peur et décide de retirer une partie du budget. Ce qui aurait pu démoraliser Marty le rend au contraire encore plus combatif, il rallie même les acteurs du film à sa cause qui décident (Léonardo Di Caprio en tête) de réduire leurs salaires.

L’anecdote de l’éléphant est restée célèbre et symbolise parfaitement le bras de fer qui s’engage entre les deux hommes. Devant un Harvey Weinsten refusant catégoriquement d’allouer un budget supplémentaire pour amener un éléphant sur le plateau, Scorsese va s’obstiné. Marty finira par demander à son amis George Lucas et à sa société ILM de concevoir l’animal en image de synthèse. Au final la scène n’excède pas les 5 secondes. Je ne peu pas m’empêcher de voir dans cette anecdote un énorme pied de nez au patron de Miramax. Une façon de lui dire « c’est moi le patron ». Ce dernier acceptera même de financer des prises de vues supplémentaires. Le 11 septembre 2001 change quelques peu la vision du film, et lui offre une résonnance supplémentaire. (Des plans de Day Lewis et Léo fossilisés dans le sol recouvert de poussière qui seront lourd de sens.)

« Dieu merci je meurs en vrai Américain ! »

Harvey exigera en vain de couper le dernier tiers du film et d'attenuer la violence de Gangs Of New York. Il orchestre en même temps une campagne de publicité démentielle et très agressive en vue de la cérémonie des Oscars. Malgré cela et avec d’excellentes critiques dans la presse, Scorsese n’obtiendra pas la statuette tant convoité. Il tentera de nouveau l’expérience avec le génial Aviator mais sans sucées. Dépité il annoncera partout vouloir arrêter le cinéma, il concevra son film suivant, les Infiltrés, comme un énorme doigt d’honneur à toute l’industrie. Paradoxalement c’est avec ce film potache et corrosif qu’il obtiendra la consécration et c’est un Scorsese effaré qui reçoit enfin son Oscar des mains de ses amis Lucas, Spielberg et Coppola. Depuis il a réalisé 3 autres films, 2 documentaires et une série télé.

"Je vais repeindre Paradise square avec son sang ! Deux couches !"

De cette histoire il reste tout de même un sacré film. Une œuvre ultra dense et d’une ambition démentielle. Gangs Of New York est un film monstrueux qui ne ressemble à rien de connu. (en gros une série HBO condensé en un peu moins de 3 heures) Comme disait Truffaut c'est un "grand film malade" au sujet on ne plus classique mais filmé avec la violence nihiliste d'un Sam Peckinpah ou d'un Samuel Fuller. Même si Gangs Of New York est une oeuvre au rythyme parfois bancal, Scorsese jubile avec la violence du film et transforme ce qui au départ n'aurait pu être qu'un énieme film historique de plus en un monument de béstialité jouissive !


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