Nicole, la belle-tantine, ne fait ni une ni deux et ouvre sa vitre à la volée, se penche à la fenêtre, tend un doigt accusateur vers la banderole et crie : « Hey tu ferais mieux d’aller me corriger ta faute d’orthographe là si t’as envie qu’on te prenne au sérieux un jour, fillette ! ». Mon beau-père, inquiet : « oh dis Nicole, tu agresseras les manifestants quand tu seras dans ta bagnole hein, en attendant, si y’a un pavé qui part, c’est ma voiture à moi qui morfle ». La lycéenne, toute déstabilisée par cette attaque sur un front qu’elle n’a pas vu venir : « ben quoi qu’est ce que tu veux ? T’as besoin d’un dessin ? » Nicole, pas prête à lâcher le morceau : « RépreSion ? RépreSion ? T’es ridicule avec ta répreSion va ! » Un autre lycéen, béret Che Guevara, t-shirt au marteau levé et cheveux au vent, volant au secours de sa collègue : « Allez Anaïs, on va faire plaisir à la dame ». Et joignant le geste à la parole, il dégaine une bombe aérosol rouge de son sac, plaque la banderole sur notre capot et bombe la bourde du geste du taggueur professionnel. « Ayé, elle est contente la ptite dame ? Elle va soutenir la cause des lycéens maintenant ? » qu’il nous demande, fier de lui, en re-brandissant sa banderole. Œil rond de la tantine. Fou rire sur la banquette arrière. Sourire crispé de beau-papa qui sent venir l’embrouille.
« Laisse tomber va » lâche juste la tantine en refermant sa vitre. « Allez Marc, on y va, ça vaut mieux, t’a raison ».
Et on redémarre en marche arrière, abandonnant là nos deux lycéens et leur nouvelle banderole. Splendide. Eloquente. Convaincante :
Jeu de briques
Snake
Pacman
Bubble