Berthe Morisot en Limousin

Publié le 13 février 2013 par Perceval

Téléfilm:     Berthe Morisot samedi 16 février à 20h45 sur FR3

Berthe Morisot : peintre impressionnistes et égérie d'Edouard Manet est née en 1841 à Bourges. Elle vit quelques années à Limoges, à partir de 1848. Sa famille s'installe en Limousin après la mutation de son père qui devient préfet de Haute-Vienne.

C'est à Paris qu'elle développe son art. Berthe Morisot est une « rebelle ». Elles tourne très vite le dos à l'enseignement académique du peintre lyonnais Chocarne et fonde avec des peintres comme Claude Monet ou Auguste Renoir un groupe d'avant-garde les « Artistes Anonymes Associés  » qui devient la "Société anonyme des artistes peintres, sculpteurs et graveurs" regroupant des impressionnistes.

Berthe Morisot par Edouard Manet (1870), huile sur toile exposée au Musée d'Orsay, Paris

Le Portrait de Berthe Morisot étendue est l’unique tableau peint par Manet que la jeune femme possédait. Celui-ci est considéré comme la plus belle et plus fidèle représentation de l’artiste qui avait 32 ans au moment de sa réalisation. Agacé par une erreur de perspective, Manet aurait raboté le tableau qui devait être plus grand à l’origine. Berthe Morisot conserva ce portrait toute sa vie. En 1890, elle le représente dans La Psychée ou Le Miroir, puis, en 1893, au second plan d’un portrait de Julie au violon.

Le téléfilm "L'indomptable Berthe" retrace la vie de la peintre impressionniste. Cette oeuvre originale réalisée par Caroline Champetier a été tourné principalement à Ambazac ou à Limoges. C'est dans la capitale régionale limousine qu'ont été reconstituées les rues de Paris. Un Paris à feu et à sang, en 1870.

Le téléfilm débute en 1865, Berthe Morisot ( Marine Delterme) n'a que 25 ans, et des idées bien arrêtées sur son avenir. Elle ne souhaite nullement suivre la volonté de ses parents, qui ne pensent qu'à lui forger un destin convenable.

Au Salon des exposants de 1865, Berthe Morisot, jeune peintre, accompagnée de sa sœur Edma, découvre l'Olympia de Manet, portrait sulfureux d’une femme assumant son corps et sa sexualité. Ce choc artistique est rapidement suivi d’une rencontre avec Edouard Manet. Charmeur, amoureux des femmes, il se prend d’intérêt pour cette apprentie artiste dont le visage l’inspire. Aussi lui propose-t-il de venir poser pour lui…

Marie Delterme joue Berthe Morisot dans un téléfilm de Caroline Champetier

Berthe expose ses premières œuvres, des paysages, des tableaux d’intérieur et des portraits au Salon de 1864 et de nouveau à celui de 1865, année où son père fait construire un atelier dans le jardin de la propriété, elle y travaillera toujours accompagnée de sa sœur Edma

En 1866 elle peint lors d’un séjour à Pont Aven accompagnée de Mary Cassatt et Eva Gonzalès, dès pionnières qui se feront accepter des impressionnistes grâce à leur talent, elles ont d’autant plus de mérite qu’à cette époque  la société est dominée par la gente masculine,  l’Ecole des Beaux Arts n’acceptant que les hommes. Les femmes y seront admises qu’à partir de 1897.

Sa rencontre avec Edouard Manet en 1868 sera décisive.

Cette année là, elle fait la connaissance de Manet au Louvre lieu où, comme beaucoup de jeunes artistes elle s’exerce en copiant des chefs d’œuvre. Elle subira d’ailleurs l’influence du chef de file des impressionnistes et deviendra son modèle, Manet peindra 9 portraits de Berthe. Elle y fera également la connaissance de Fantin-Latour et Degas.

Elle épouse le frère d’Edouard, Eugène Manet peintre amateur qui fréquente également le milieu littéraire, elle donne naissance à une petite fille Julie, son grand bonheur et un sujet de passion qu’elle prendra souvent pour modèle dans son travail

Berthe Morisot voyage beaucoup et peint de nombreuses toiles lors de ses séjours à Pont-Aven, Madrid, Argenteuil (Chez Claude Monet), en Angleterre à l’Ile de Wight en 1875, en Italie, en Hollande, à Fontainebleau, à Nice ou en Belgique.

La Psyché ou Le Miroir (1876) est un tableau intime sur le thème de la toilette. Il représente une jeune fille en train de s’habiller et dont le modèle, Isabelle Lambert, mourra à l’âge de 15 ans. Le miroir est celui de Berthe que l’on peut voir au début de l’exposition. La palette est plus claire et se compose de blancs, d’argentés, de roses, de bleus… Les talents de coloriste de Morisot furent appréciés tout au long de sa carrière. 

Julie adolescente, jouant du violon dans l’appartement de la rue de Weber où elle s’installe avec sa mère en 1892 ou, dans un autre tableau, en compagnie de Laërte, le lévrier que lui avait offert Mallarmé qui deviendra bientôt son tuteur.
Julie a reçu une éducation musicale de qualité qui englobait la mandoline, le piano, le violon… Sur ce tableau ( 1893) , sa mère la représente à quinze ans dans le confort de la maison familiale. Il s’agit d’une peinture intéressante quant à la représentation précise de l’intérieur du peintre. Vous pouvez y reconnaitre le guéridon Empire, le portrait de Berthe par Manet ainsi que le portrait d’Eugène par Degas offert à l’occasion de leur mariage.

En 1892 mort d’Eugène Manet, il rejoint son frère Edouard qui repose au cimetière de Passy depuis 1883.

 De santé fragile depuis le conflit franco-prussien de 1870, ayant engendré du bruit, de la fureur et des privations, Berthe Morisot s’éteint à Paris en 1895 des suites d’une grippe sans jamais avoir cessé de travailler et parfaire son art.

La Grande Dame de l’impressionnisme est inhumée dans le caveau de la famille  Manet au cimetière de Passy.

Les scènes de canotage sont très prisées des Impressionnistes. Celle-ci fut peinte durant l’été 1879, lorsque Berthe Morisot demeurait à proximité du lac du bois de Boulogne. Il est clair que la peintre a pris place dans la barque auprès de ses modèles. Les personnages sont exempts de psychologie, le travail est axé sur les effets de lumière, le scintillement de l’eau. La tonalité est claire et chatoyante. Contrairement aux idées reçues, cette toile n’a pas été réalisée sur place, Berthe réalisait des dessins ou des aquarelles préparatoires avant de réaliser l’oeuvre finale dans le confort de sa maison. 

Une quinzaine de peintures et de pastels représentant l’enfant, exécutés entre 1882 et 1888, sont regroupés au cœur de l’exposition. Julie est représentée en compagnie de son père, de sa cousine ou de sa nourrice Pasie. Souvent, il s’agit de scènes de la vie quotidienne pour lesquelles il n’est pas besoin de faire poser sa fille. Cette toile fut retrouvée roulée au fond d’une armoire à la mort de l’artiste. C’est Mallarmé qui lui donna son nom, La Fable

Berthe Morisot est l’arrière petite-nièce de Fragonard, la tante de Paul Valéry par sa nièce et Stéphane Mallarmé deviendra le tuteur de sa fille Julie après la mort de son mari en 1892.

Sources: Aurore Mosnier au sujet de l'exposition du musée Marmottan