Franck Venaille | [On marche dans la fêlure intime du monde]

Publié le 12 février 2013 par Angèle Paoli
« Poésie d’un jour


Ph., G.AdC


[ON MARCHE DANS LA FÊLURE INTIME DU MONDE]

On marche dans la fêlure intime du monde
Ces soubresauts nés de la douleur primitive

Quelle est la voix qui le dira ? Quel sera
Le corps qui saura mener jusqu’à son terme la

Valse triste ? Une voix s’élève à l’intérieur
De nous-même — une voix chère — exprimant ce qui s’

Apparente à l’expression de la plainte première
Je suis cet homme-là qui, tant et tant, crut aux ver-

Tiges et qui, désormais, dans la déchirure du lan-
gage se tient, regard clair, miné toutefois, blessé

Dans la fêlure du monde où les plaies suintent

Ph., G.AdC

[J’AI DROIT AU REPOS DU CHEVAL JOURNALIER]

J’ai droit au repos du cheval journalier Dé-
sormais je ne partirai plus vers quel labeur

Et je suis ce centaure qui s’éveille et geint
Autour de lui les aveugles s’affolent craignant

Ses ruades Ô grand cheval qui, autrefois, tractais
vers la berge les navires, te voilà effacé Il ne

demeure de toi que ce signe sur cette feuille
Sont-ce tes traces dernières ? Ta signature de sabot ?

Ébroue-toi ! Redonne-moi confiance ! Plongeons en-
Semble Je saurai bien te faire retrouver cette joie

Enfantine que tu poursuis sur la rive noyée à demi.

Franck Venaille, La Descente de l’Escaut, Gallimard, Collection Poésie, pp. 139-140. Préface de Jean-Baptiste Para.



FRANCK VENAILLE


■ Franck Venaille
sur Terres de femmes

→ Ça
→ Dans le sillage des mots
→ [Quand la lumière née de l’estuaire] (autre poème extrait de La Descente de l’Escaut)
→ Un paysage non mélancolique





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