À la Saint-Valentin, comment oublier son ex : opération ciseaux

Publié le 14 février 2013 par Gintonhic @GinTonHic

Faites-vous partie de ces personnes qui voudraient que la Saint-Valentin soit bannie du calendrier pour les 1000 prochaines années, tant les souvenirs, le vide ressenti, vous font souffrir ?

Comment se fait-il que vos pensées soient encore pleines d’images de l’ex ?

Vous dites-vous : « Maudite Saint-Valentin, va te faire foutre » ?

La déprime vous habite-t-elle depuis que vous vous êtes réveillé ce matin ?

Allez vous faire un bon café, puis revenez me lire. J’ai LE truc pour oublier son ex. Je vous promets la plus belle journée de Saint-Valentin de votre vie !

C’est l’heure du café. Allez hop ! Je vous attends. Je ne bouge pas.

Bon, vous êtes bien installé ?

Voici comment faire pour oublier votre ex en cette journée de Saint-Valentin.

C’est en feuilletant un livre sur le Feng Shui que j’ai trouvé comment en finir avec mon ancien chum.  

Il avait l’air d’un apollon du haut de ses 6’4 » . Il était tout en muscle. J’étais folle de lui. 

Il fallait voir ses fossettes quand il riait. Je le désirais. Entre nous, c’était la passion, semblable à celles dans les livres.  

Puis, un beau jour, sans rien dire, il est retourné avec son ex. 

J’étais tellement éprise de lui que c’en est devenu pour moi une vraie « maladie ». 

Des pensées de lui me hantaient nuit et jour. J’aurais voulu que son souvenir s’efface de mon esprit ; j’aurais voulu qu’il meure. Mais en vain. Toujours le souvenir de son corps sur le mien me ramenait à mon désespoir de le savoir dans les bras d’une autre. Ma vie devenait un cauchemar. 

Comment lui échapper ? Comment me sauver ? Sauver mon cœur, sauver mon âme, sauver ma vie ? 

Et puis, une amie m’a suggéré de lire sur le Feng Shui, cet ancien art chinois qui mise sur la création de l’équilibre et l’harmonie dans l’environnement. De là,l’importance de se départir d’objets qui entravent l’esprit et qui, dans mon cas, ressuscitent d’anciennes et folles amours. 

Le Feng Shui recommande de jeter tous les objets ayant appartenu à d’anciennes amours pour exorciser leur emprise et faire de la place pour de nouvelles aventures.

Ainsi, par un vendredi plutôt gris, j’ai décidé d’ouvrir une chasse impitoyable aux vêtements qui évoquaient tel ou tel amour usé, pitoyable.

J’ai scruté à la loupe chaque recoin de l’appartement :

- les cinq placards, du plus grand au plus petit, sur les tringles, sur les tablettes,  dans le fond

- les tiroirs des trois commodes en chêne massif jusqu’aux tiroirs de mon vieux bureau d’enfant

- dans le sous-sol, le panier à lessive en osier, voire le contenu de la sécheuse en marche, et j’en passe.

Et quels trophées de pitié j’ai ramenés !

- Un gilet de laine, noir, brodé de perles,  qui eut davantage sied à ma grand-mère.

- Une paire de sous-vêtement, style boxer,  blanc à gros pois noirs.

- Un pantalon marine, en coton ouaté, trop court pour moi.

- Plusieurs t-shirts.

- Une camisole moulante et décolletée que je mettais pour des soirées torrides.

Au total 23 morceaux : certains anciens, d’autres, pratiquement neufs, legs d’amoureux éconduits ou passades de toquée.

Une fois pris en otage tous les fantômes hantant mes garde-robes, je n’ai pu me résigner à les mettre sans façon dans un sac à ordures.

J’ai pensé les offrir aux moins fortunés, mais je sentais qu’il fallait que ces vêtements soient détruits de manière symbolique.

Enfant, j’adorais découper les catalogues des grands magasins — Eaton, La Baie d’Hudson, Simpson — en minuscules bandelettes que j’accumulais dans un bol à soupe.

Ce travail minutieux, qui me procurait un plaisir fou, consistait à faire entrer le plus grand nombre de pages dans le petit bol. Méditation active, attention, concentration. Sublime libération de l’esprit soumis au pouvoir d’une main guérisseuse.

Maintenant, face à ce trophée fatal de vêtements, je me suis rappelé chaque baiser, chaque caresse, mais aussi, chaque discussion, chaque mensonge, chaque trahison. J’étais désormais décidée à en finir.

La soirée qui s’annonçait me donnait la chair de poule. La délivrance tant attendue allait bientôt me transporter vers de nouveaux sommets. Je sentais monter en moi cette euphorie grandissante qui évoque l’enivrement même de la passion.

J’ai demandé à Glen Gould, pianiste génial et plein de tics, à l’appétit insatiable de perfection, de soutenir au clavier ses passions si semblables aux miennes.

J’ai inséré le CD. Play.

Glen, homme mystérieux et complexe, était avec moi.

J’ai empilé quelques bûches dans le foyer et j’ai frotté une allumette. Les flammes se mirent à danser lascivement, au son des doigts agiles de Gould. Pour qui dansaient-elles ? Lui ou moi ?

Je me suis versé à boire.

La bouteille était lourde de porto, du Quinta do Estanho. Gould, le feu dans la cheminée, un verre de porto à la main, que demander de plus sinon une bonne paire de ciseaux Singer pour en finir, une fois pour toutes.

Plus la musique résonnait en moi et plus la griserie me gagnait. J’ai empoigné mes Singer avec le sentiment profond que j’allais commettre le crime parfait.

Chaque coup de ciseaux faisait entendre le crissement fendant de la lame affûtée glissant à travers chacun des vêtements de la pile, laissant derrière une traînée de bandelettes de deux pouces de large

Exit cadeaux, souvenirs, objets de hantise, objets de détresse. Adieu chandails, pantalons, chemisiers, pyjamas. Bonjour délivrance !

J’ai fait un ballon de ces bandelettes et l’ai « quické » en orbite, câlisse !


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