Max | Merveilleuses

Publié le 14 février 2013 par Aragon

Je revois encore le visage matois de feu François Mitterrand interviewé au coin du feu chez lui. Il dit au journaliste ce soir-là qu'il approuve sans réserves les actes de la période révolutionnaire française. La République à créer avait un prix, peu importe qu'il fut élévé. Les vies ne valaient strictement rien. La période dite de la Terreur qui dura près de deux ans de 1792 à 1794 est inimaginable. On peut mettre bout à bout ce qui s'est passé en Bosnie et au Rwanda. Ça s'est passé en France. 200.000 (a minima ? Et en Ouest-Vendée ?), femmes, enfants, vieillards, hommes, exterminées, étripées, étêtées, violées et assassinées, noyées, brûlées, ratiboisées. Personne, aucun historien même ne peut imaginer et décrire précisemment l'ampleur d'un tel désastre.

La République et sa bouche Education Nationale est une mauvaise mère pour les chères têtes blondes qui lui sont confiées. Pas de repentir, c'est rarissime, ça n'arrive quasiment jamais : Mitterrand ne regrette pas plus les dizaines de guillotinés dont il est responsable quand il était aux affaires avant d'être Président, "Marianne" n'a jamais critiqué ses présidents aux mains sanglantes, tiens, Thiers, au hasard, qui fit assassiner plus de trente mille parisiens en une semaine, Thiers dont des centaines de rues et de places portent en France le nom... La Terreur révolutionnaire et d'Etat se passe de commentaires.

Elle passe. La Terreur passe. Robespierre à peine refroidi la vie reprend. Très peu de temps après le printemps arrive, le printemps revient toujours, il recouvre de ses primevères les corps non encore putréfiés, c'est ainsi, ça sera toujours ainsi. La vie est là, elle ne reprend aucun droit car la vie n'a jamais eu de droits en France et dans le Monde. Ce sont les femmes et les hommes qui arrachent de haute lutte des droits à la vie. Envie de vivre, d'être libres, envie d'aimer, envie de raisonner, envie de s'écouter, envie de parler, envie d'échanger...

On les appelle "Merveilleuses". Elles sont là, tiennent salons, se font voir dans les rues et les parcs, dans les soirées, font entendre la RAISON, elle se nomment :  Julie de Récamier, Thérésa Tallien, Fortunée Hamelin, Laure Regnaud de Saint-Angely, plein d'autres. Passionnées, passionnantes, brillantes, intelligentes, curieuses de tout : philosophie, littérature, poésie, théâtre, arts en général, sciences... Et puis libération, révolution féminine, révolution sexuelle, moeurs nouvelles : amour libre et non contraint, indépendance, elles ont toutes les qualités car elles sont femmes. Elles sont des exemples fulgurants pour la société d'alors. Elle sont bien sûr vertement critiquées. Qu'importe ! Elles vivent.

Je pense particulièrement à ces "Merveilleuses" que j'aime passionnément, en ce jour bêtement de Saint Valentin, et ceci n'a rien à voir avec cela.