Voilà la suite de la nouvelle, la fin sera publiée la semaine prochaine. Encore un peu de patience donc! Ce fut agréable de voir que vous étiez
au rendez-vous malgré le côté "inhabituel" de ce type de nouvelle. Dans cette suite, vous comprendrez l'univers de cette histoire. La partie 1 se trouve en dessous si vous voulez vous rafraîchir
la mémoire. Bonne lecture!
Le patient
partie 2
Le médecin s’approcha du patient et d’une pichenette pratiquée à un endroit très précis de la nuque, désactiva son système moteur. Il fallait
vraiment avoir étudié l’anatomie cyborg pour être capable d’appuyer d’une seule pression sur la minuscule puce sous-cutanée contrôlant toute l’entité.
Les dernières technologies avaient réussi à réduire sa taille à seulement un millimètre de côté, ce qui était déjà trop selon les statistiques,
puisqu’un certain pourcentage de ses possesseurs l’éteignait accidentellement. Ainsi, il n’était pas rare de croiser dans la rue, dans le bus, dans les grands magasins aux heures de grandes
bousculades, ces entités désactivées. Dès lors, la police faisait son travail et emmenait ces pauvres hères au commissariat dans la cellule de réactivation. Là, après leur remise en service et
une notification sur la main courante, ils reprenaient le cours de leur vie malgré ces quelques heures d’absence.
Etudiant le bras du patient puis son épaule, le docteur Teriem fut pris d’un doute et appela sa secrétaire.
« - Graziella, veuillez me vérifier ces deux références. Cela ne colle pas.
- Bien docteur, je consulte les fichiers bio-mécaniques tout de suite. »
Le temps de la recherche, le médecin examina plus méthodiquement le jeune homme « désactivé ». Il trouva rapidement une autre anomalie ou plus
exactement, un acte de chirurgie illégalement pratiqué. A l’intérieur de la narine gauche, une autre puce dont il connaissait très bien le but et l’origine avait été incrustée dans la paroi
nasale. Il éprouva subitement une certaine compassion pour le jeune homme.
« - Docteur Teriem, j’ai vos documents.
- Ce n’est plus utile Graziella. Notre ami a bien des soucis et c’est la raison de ses pièces hétérogènes.
- Vous voulez dire que…
- Oui, c’est un libergalien. Il a une puce de brouillage dans la narine.
- Une puce de brouillage ? Nul doute que les autorités doivent le chercher… Qu’allez-vous faire, docteur ?
- Hé bien, l’aider. Il court le plus grand danger. Je ne peux pas simplement le réparer et le laisser partir comme ça. Puis je sais très bien
que vous n’allez pas me dénoncer, conclut-il en souriant à Graziella qui fit de même.
- Je vous reconnais bien là. »
Tous deux emmenèrent le patient dans la pièce adjacente afin de le déposer dans un brancard. Le médecin entreprit en premier lieu d’effacer les
deux références gênantes. Il les remplaça par des génériques qu’on donne habituellement aux accidentés. Cela ferait très bien l’affaire, pensa-t-il. Puis d’un coup adroit de scalpel, il délogea
la puce de brouillage avant de l’enfermer dans une boite hermétique. Enfin, tournant le jeune homme sur le côté, il incisa à la base de la nuque et retira au moyen d’une pince ultra fine la puce
principale, appelée aussi puce identitaire des cyborgs.
« - Graziella, vous savez à quoi je pense ? Voilà ce qui vous ferait changer d’air. Êtes-vous partante ?
- C’est si soudain, je ne sais pas trop…
- Essayez, vous pourrez toujours changer plus tard, n’est-ce pas ?
- Après tout, vous avez sûrement raison docteur. Un peu d’aventure… pourquoi pas !
Et puis, je n’ai jamais expérimenté cette façon-là de vivre. »
A suivre...