Frères et soeurs : lorsque le conflit perdure

Publié le 15 février 2013 par Nuage1962

Les  conflits dans les familles sont difficiles a vivre et ce surtout quand ils perdurent a l’âge adultes … pour devenir des familles brisées par la jalousie, l’envie, la combattivité.
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Frères et soeurs : lorsque le conflit perdure

PAR FRANCE LÉCUYER, INFIRMIÈRE ET PSYCHOTHÉRAPEUTE  | PHOTO: SHUTTERSTOCK

 

Si les différends entre frères et sœurs se règlent le plus souvent à l’adolescence, il arrive parfois qu’ils nous suivent jusqu’à l’âge adulte. Lumière sur les causes de ce phénomène.

Quand on est enfant, il existe mille et une raisons de ne pas s’entendre avec son frère ou sa sœur. Mais pourquoi la réconciliation est-elle impossible pour certains, même à l’âge adulte? Les psychanalystes affirment que c’est parce que l’inconscient ignore la notion de temps. Ainsi, les rivalités et les rancœurs de l’enfance demeurent intactes, prêtes à rejaillir. Il faut savoir que les liens fraternels marquent plus ou moins fortement la vie de chacun; même à l’âge adulte, on continue de ressentir les émotions découlant de ces liens. Par exemple, les différences de mode de vie entre les membres d’une fratrie réactivent les sentiments de jalousie et d’hostilité ressentis durant l’enfance. Et lorsque nous devenons nous-même parent, les relations fraternelles — avec leurs enjeux et leur charge émotionnelle — sont à nouveau portées à notre attention.

Envie et jalousie
Aucune relation n’est complètement exempte de conflit, car celui-ci est au cœur de la vie relationnelle, et il semble que les relations intimes soient les plus touchées par la mésentente. Comme c’est avec nos proches que nous nous disputons le plus, le cadre familial est particulièrement favorable à la discorde; les sentiments négatifs qu’on y ressent peuvent être aussi intenses que les sentiments positifs. En outre, quand on interagit avec les membres de notre famille, c’est toute notre personne
(avec ses caractéristiques psychologiques et sociales) qui est impliquée, et cette situation nous rend moins objective et plus sensible aux actes ou aux paroles d’autrui.

De plus, les conflits fraternels sont plus fréquents que les autres, car l’intimité et le lien entre frères et sœurs sont imposés. En effet, les enfants d’une fratrie n’ont pas la possibilité de rompre leur relation durant l’enfance et l’adolescence. Cela peut entraîner un relâchement du respect envers autrui puisque, quoi qu’il arrive, la relation doit se poursuivre. C’est pourquoi les frères et les sœurs sont particulièrement sujets aux disputes.

Aussi, l’envie et la jalousie font pratiquement toujours partie des relations infantiles au sein d’une fratrie, et les chances de ressentir ces émotions une fois adulte sont accrues quand, incapable de lâcher prise, on ne parvient pas à trouver sa propre voie. D’ailleurs, lorsque des hostilités surviennent entre frères et sœurs dans l’enfance, le refoulement de l’agressivité est la pire des solutions: les conflits larvés empoisonnent l’atmosphère et conduisent à l’explosion. Pour désamorcer la violence, les parents doivent la reconnaître et permettre aux petits de l’exprimer verbalement.

Favoritisme parental
Il s’agirait de l’une des principales causes de rivalité fraternelle malsaine,
affirme Michael Grose, spécialiste de l’éducation et de la famille et auteur de Pourquoi les aînés veulent diriger le monde et les benjamins le changer (Marabout, 2005). Bien que les parents affirment ne pas favoriser un enfant aux dépens d’un autre, des études révèlent que les rejetons ont souvent un point de vue radicalement différent… Ainsi plusieurs enfants prétendent que leurs parents favorisent l’un de leurs frères ou l’une de leurs sœurs en se montrant moins sévères avec «le préféré».

«Par ailleurs, le style relationnel des parents influe sur l’intensité et les risques de rivalité fraternelle. En effet, l’hostilité entre frères et sœurs est plus fréquente quand les parents sont dominateurs ou distants. La domination crée une ambiance familiale où le pouvoir est le principal outil de résolution des conflits. Les enfants passent plus de temps à lutter pour leurs droits qu’à veiller les uns sur les autres», explique le spécialiste.

Mais si les parents ont un style relationnel chaleureux et qu’ils sont ouverts à la discussion, les enfants adopteront le même genre de communication. D’ailleurs, ces derniers s’approprient souvent le style relationnel du parent du même sexe, sauf si l’un des parents a un style dominant; dans ce cas, tout le monde adopte le même style.

7 attitudes parentales qui favorisent la rivalité

1. Féliciter un enfant et critiquer un autre. C’est le moyen le plus efficace pour brouiller frères et sœurs.
2. Comparer deux enfants. Un commentaire du genre «Pourquoi ne ranges-tu pas ta chambre comme ta sœur?», nous assure d’avoir toujours une chambre mal rangée dans la maison.
3. Tenter de régler tous les conflits. Il est presque impossible de se mêler des disputes entre frères et sœurs sans prendre parti et être accusé de favoritisme. Les parents doivent savoir détecter quand les enfants ont besoin d’aide pour résoudre leurs conflits et quand ils peuvent se débrouiller seuls.
4. Établir un registre des performances. Les petits savent exactement ce qu’il en est de leurs progrès; les parents n’ont pas à le leur rappeler constamment.
5. Oublier que les jeunes veulent être différents les uns des autres. Au lieu de les habiller de la même façon ou de les traiter de manière identique, on doit tenir compte de leur personnalité et de leurs besoins spécifiques.
6. Espérer plus d’un enfant que d’un autre. Les parents sont souvent plus durs avec l’aîné(e), puis ils «relâchent» la pression au fil des naissances.

7. Favoriser des comportements de compétition. Si un parent est lui-même un féroce compétiteur, ses enfants risquent d’imiter son comportement.

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