Magazine Journal intime
Copenhague et Nice
Publié le 10 avril 2008 par MoinillonQu'ont donc en commun les villes de Copenhague (au Danemark) et Nice (en France) ? — au moins leur église russe. Ces deux églises, consacrées respectivement à saint Alexandre Nevski et à saint Nicolas, ont été édifiées sous la protection de la mère du dernier empereur russe Nicolas II — l'impératrice Maria Féodorovna, princesse danoise, comme on peut le lire sur la plaque placée sur l'église de Nice.
L'église de Copenhague est plus ancienne : elle date de 1883, celle de Nice date de 1912. Toutes deux ont été construites avec les finances de la famille impériale russe.
Elles ont encore en commun le fait qu'aujourd'hui l'État russe se déclare propriétaire des lieux. A Nice, l'affaire est en procès, car la paroisse, qui dépend de l'archevêché des Églises Orthodoxes Russes en Europe Occidentale (patriarcat Œcuménique), ne reconnaît pas cet état de fait. À Copenhague, qui dépend du diocèse d'Allemagne de l'Église russe hors frontières, l'affaire se déroule de façon plus civile (disons plutôt plus religieuse...) : on peut en effet lire dans le dernier Vestnik du diocèse (n° 2/2008 p. 9) que « l'archevêque Mark [de Berlin] a rencontré au ministère des Affaires étrangères à Moscou l'ambassadeur russe du Danemark pour discuter des questions de la vie de la paroisse. Au centre de la conversation se trouvait la question de la propriété de l'église Saint-Alexandre à Copenhague. Ces derniers temps, des malentendus sont en effet apparus, car la justice danoise a transmis l'église à la Fédération de Russie. L'archevêque a précisé qui n'avait pas l'intention d'engager de procédure judiciaire si le ministère des Affaires étrangères s'engageait par écrit à ne pas se mêler des affaires internes de l'Église et laissait l'évêque responsable s'occuper de l'église et de la paroisse. »
Une histoire à suivre, donc, qui pourrait servir d'enseignement à la paroisse de Nice.
Il faut rappeler en passant qu'en 1924, l'État bolchévique déclara que l'église de Copenhague était sa propriété, mais Maria Féodorovna défendit en personne les intérêts de la paroisse devant les tribunaux danois face aux prétentions bolchéviques (source).