Tasha de Vasconcelos
Il y a 5 jours, dans l’indifférence générale, Madeira Diallo, 53 ans, ancien secrétaire général du Conseil représentatif des associations noires de France (CRAN), était élu président du mouvement. Sans tambour ni trompette, le CRAN l’annonça aux médias le 11 février dernier dans un communiqué. Le CRAN a été, sans aucun doute possible, un redoutable casseur de noirs. Comme les civilisations, les « grands » mouvements sont-ils mortels ? Encore au sommet de la vague il y a sept années, le CRAN, tout seul comme un grand, vient de se saborder.
Soporifique à souhait, de Patrick Lozès, l’homme au sourire carnassier et traité d’ »opportuniste et méchant », qui était soupçonné d’en faire son officine personnelle à aujourd’hui, le CRAN a un bilan nul. Dans ces petites guéguerres intestines, on était passé à Louis-Georges Tin à la tête du mouvement. Selon nos informations, ce dernier est quant à lui soupçonné d’avoir transformé l’organisation en quelque chose de « blâmable ». De quoi s’agit-il ? Pour ses détracteurs, il aurait muté le CRAN en combat pour les homosexuels et non pour les noirs. Une éviction mâtinée donc d’homophobie, puisque ce dernier, élu en novembre 2012 pour un mandat de 3 ans se voit ainsi déposé avant le terme de celui-ci. Il a d’ailleurs dénoncé un « coup de force » tout en se donnant le droit de porter plainte pour « faux et usage de faux ».Fichtre.
L’ex-président du CRAN Patrick Lozès, l’homme de l’agitation dans un bocal, est venu à la rescousse du nouveau président en précisant que l’élection s’était déroulée dans les « règles de l’art ». On en perd presque son latin. Le CRAN, fédération d’associations qui n’existent pas, créé en grande pompe en 2005 soi-disant « pour réveiller les consciences et lutter contre les discriminations en commençant par les mesurer de manière effective » a plutôt trahi les idéaux de la lutte, la vraie, pas celles qui sont médiatiques. Lors du combat noble et juste du collectif antinégrophobie après la sortie raciste sur France 2 du grabataire Jean-Paul Guerlain, le CRAN s’était positionné en termes médiatiques et personne n’avait vu un seul de ses membres sur les Champs-Elysées lorsque nous nous gelions, je m’en souviens très bien, sous le froid pour réclamer justice. Mais, quand on était reçu par LVMH, il pointait son nez…
Mais, que cache réellement l’éviction de Louis-Georges Tin ? Son erreur, est celle d’avoir inscrit le CRAN, en l’espace d’un an à sa tête, dans la vraie lutte contre le racisme. Il a mis sur pied des idées liées à l’esclavage, surtout aux réparations. Ceci n’a pas plu aux sempiternels maîtres. Evidemment, lorsqu’une officine est créé par le maître, la marge de manœuvre et d’action est limitée au strict minimum. Pire, sur son nouveau site, le CRAN version Louis-Georges Tin, a osé mettre en lumière le combat de Rosita Destival. Cette citoyenne française d’origine guadeloupéenne, qui arbore toujours un tee-shirt «Brigade anti-négrophobie» (le même que porte le mannequin Tasha de Vasconcelos sur la photo) et qui réclame à cors et à cris, en tant que descendante d’esclave, des réparations, avec la ferme intention d’assigner l’Etat français «pour crime contre l’humanité» déplaît…Hélas, Louis-Georges Tin, ex-président du CRAN, avait rappelé combien son association soutenait la démarche…
Faut-il encore vous faire un dessein ? Le CRAN n’a jamais été créé pour défendre les noirs, encore moins pour lutter contre une quelconque discrimination. C’était du verbiage vaseux dans la bouche des thuriféraires du néo-colonialisme et des négrophobes derrière sa mise sur pied. Quand les noirs sont créateurs ou prescripteurs, ça ne passe pas. Souvenir souvenir. Michel Mompontet, journaliste sur France 2, m’avait contacté pour faire le reportage en dessous. Rien ne changera tant que le noir ne sera qu’observateur et non acteur de sa propre vie. Le Collectif Antinégrophobie et le MAF (Mouvement des africains-français) de Calixthe Beyala, des associations créées par des noirs et pour les noirs, sans discrimination envers les autres couches de la population française l’on compris. Regardez.