Bayard Jeunesse
Collection Millézime
Traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Maïca Sanconie
Paru en Novembre 2009
319 pages
11,90 euros
Roman ado dès 12 ans
Thèmes : Angleterre, Ecriture, Livres
Quatrième de couverture : Londres, 1680. Meg, 16 ans, est passionnée par les livres et adore écrire. Elle a la chance de vivre " au centre du monde ", à Londres, qui plus est dans la librairie de son père, aussi éditeur, où défilent les intellectuels de l'époque. Cependant son père refuse de la laisser retravailler les manuscrits. Selon lui, une femme ne saurait prendre la plume, elle doit avant tout se marier. Un jour, Meg reçoit la visite d'Edward, le frère de son amie Anne. II vient lui déclarer sa flamme avant de partir pour l'Italie. Et alors qu'il propose de lui rapporter un souvenir, Meg se moque de lui, en rétorquant que le plus beau cadeau serait qu'il soit capturé par des pirates et qu'elle puisse écrire le récit de ses aventures. Et c'est ce qui arrive! Meg, terrifiée par le pouvoir des mots, se sent atrocement coupable. Elle met sa plume à contribution et lance une campagne pour essayer de rassembler l'argent de la rançon...
Londres. XVIIe siècle. Meg, lectrice et bibliophile passionnée, rêve de devenir écrivain. Son père, libraire et éditeur, a recruté un jeune apprenti afin qu'il puisse apprendre le métier et faire des corrections de manuscrits. Meg s'était proposée pour ce travail mais son père juge préférable qu'elle s'occupe de mariage et de cuisine. Edward Gosse, le frère de sa meilleure amie vient lui demander sa main. Meg, mal à l'aise en ce qui concerne les questions d'ordre affectives, souhaitant seulement vivre de sa passion et lire un bon roman, l'éconduit assez maladroitement. Elle va même jusqu'à ironiser en plaisantant : si Edward se faisait kidnapper par des pirates, elle voudrait rédiger le récit de ses aventures! Voilà une idée bien farfelue après coup... encore plus lorsque son souhait devient réalité. Dès lors la jeune fille n'a qu'un seul but : récupérer la somme nécessaire pour libérer Edward et se racheter auprès de la famille Gosse.
La jeune fille à la plume est un roman sentimental où l'intrigue se veut volontiers romanesque tout en restant intelligente et pertinente. J'ai adoré le personnage de Meg qui ressemble incontestablement aux héroïnes littéraires de Jane Austen, d'Emily Brontë, ou encore à l'intrépide Jo des Quatre filles du Docteur March. C'est un peu l'ambiance de ses romans classiques anglais que l'on retrouve ici. En effet, Meg a un caractère assez rebelle, volontaire et déterminé pour une époque où la société conservatrice complaît les femmes à un rôle limité : enfanter et gérer les tâches domestiques. Meg ne se sent pas à sa place et rêve d'écriture, de création littéraire. Un avenir mal jugé par son père, difficilement acceptable pour un futur mari, deux hommes à qui elle doit et devra obéissance. Néanmoins Meg reste soucieuse des convenances et en cela elle est crédible et très attachante. C'est une héroïne pleine de maturité et de sagesse, qui sait se remettre en questions, en proie à des émotions contradictoires, qui fera l'expérience du chagrin et de la déception... mais toujours avancera grâce à son tempérament indépendant et son endurance.
Katherine Sturtevant propose un roman à l'écriture vivante, passionnante et bien rythmée, abordant des thèmes importants : l'affirmation de soi, la condition de la femme dans l'Angleterre du XVIIe siècle. Il y a de l'aventure, de la réflexion, du sentimental, de l'humour. J'ai également apprécié la mise en abîme du récit dans le récit lorsque Meg recueille les informations d'Edward sur la piraterie mauresque et l'esclavage blanc en Afrique du Nord pour en faire son premier livre. Une aventure réjouissante pour elle même si elle se doute qu'il ne sera jamais publié. Une histoire plaisante et agréable. Une très bonne lecture pour ce roman que j'ai trouvé charmant.