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Encore une production d'écrivaillon.

Publié le 19 février 2013 par Romaneg
Ils se regardent, d'un regard neuf et émerveillé. Il contemple son visage et ne l'écoute pas parler. Elle s'agite, s'agite dans un épanchement égocentrique et lui la regarde; il sourit, il ne pense ni à hier ni à tout à l'heure, c'est ici et maintenant qui compte, en face d'elle qui s'arrête soudain et sourit. Il veut toucher le sourire, il le touche. Elle se laisse faire comme un chat que l'on caresse, là où il aime, sous le menton et derrière les oreilles. Son téléphone et son rouge à lèvres sont sur la table, elle a prit possession des lieux. Elle le sent. Elle a pleinement conscience de sa puissance de verre, à cet instant précis. De cristal. 
Est-ce amour ? Cette sphère autour d'eux qui produit ce son oui, ce chant des verres en cristal lorsque la pulpe du doigt d'un enfant (il faut que ce soit un enfant) en caresse le bord ; oui, est-ce amour ? Est-ce le sien ou le sien ? Ou le leur ? 
Ils savent que l'éternité n'existe pas. Pas d'instant suspendu, jamais, jamais. Il faut courir toujours et se voir un peu. Ils le savent et se regardent en espérant que le cristal joue son rôle - mais l'enfant se désintéresse et court dans le jardin, le bruit cesse, il faut partir. Peut-on comprendre ce que les amoureux ressentent quand il est l'heure de se quitter, à moins d'être l'un d'eux à cet instant précis ? 
Pas de tristesse en vérité, car ils sont projetés déjà : à tout à l'heure, à demain, à ce soir. 
Alors ils sont heureux tant que durent les au revoirs. C'est après, après, que la souffrance se réveille, s'étire, comme une panthère affamée qui sort ses griffes et s'aiguise les canines. 
(promis, bientôt, je réécris des vrais trucs)

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