Max | Alcestes

Publié le 20 février 2013 par Aragon

"Rien ne se passe" dans Alceste dit Murat. Arrête Télérama tu me saoûles ! Murat réduit tout à zéro, Murat est fatigué. Murat ne voulait rien dire. C'est pas de Murat dont je veux parler c'est d'Alceste.

Alceste qui passe à travers le miroir du temps. Pour faire très film SF, il passe à travers un super vortex. Rencontre du troisième type de Molière et de Philippe Le Guay. Formidable Le Guay avec juste pour la citation du plaisir ses femmes du sixième et sa vision grand "V" de Boris. mais on n'est pas sous les combles avec des chiottes bouchées ou au "Tabou" avec la trompinette de Boris, c'est d'Alceste qu'il s'agit ici.

Je dirai plutôt "Alcestes", car c'est d'Alcestes qu'il s'agit bien. Alcestes un et deux. Alcestes un plus deux égale un. Donc : Alceste. Alceste se bat historiquement contre l'hypocrisie, la couardise et la compromission, contre les petits marquis, à présent c'est contre un chauffeur de taxi chiant comme la mort avec sa moman qui s'est pétée le col du fémur, contre un certain milieu du théâtre et du cinéma, contre toutes ces tronches funèbres dans cette réception finale d'outre-tombe, Alceste qui se battra d'éternité contre la médiocrité, ici, contre le parisianisme puant de cette île de Ré que j'ai connu moi aussi vierge, buvable et potable, avant le pont, comme le dit Alceste. C'est aussi la rencontre de Célimène et de Francesca, c'est plein de choses, des foules, des milliards de petites choses qui se passent dans ce film dont Murat (grrr) dit qu'il ne s'y passe rien. C'est le fils d'Alceste, absent depuis dix ans, qui ne parle plus à son père, qui bosse dans le nucléaire alors qu'il y a eu Tchernobyl et Fukushima, Alceste voudrait savoir pourquoi son fils ? Mais son fils ne parle pas à Alceste... Et Alceste vit comme un con, reclus, loin de tout, loin du monde, prisonnier de lui-même. Molière est là, Molière et ses alexandrins pour l'éternité.

Dans ce film il y a la couleur gris-bleu des murs minables de la maison rétaise d'Alceste, il y a la couleur rouge de la violence, du bourre-pif, du pull d'Alceste, la couleur verte du vent et de la mer. Qui perd, qui gagne au final, le reclus, le meneur jusqu'au bout du projet qui se plantera sur le mot magique par lui imprononçable ?

Il est dur ce film, très dur, la misanthropie si elle est tentante et je sais de quoi je parle, ne paie pas. Un homme vit quand il est debout et en relation. La tentation de fuir le monde est fatale. Elle mène de son vivant au tombeau. Il a perdu à tous les coups Alceste. Mais il est beau, il a du panache. Mais il perd tout. Courez voir Alcestes : deux fabuleux comédiens, oui, courez voir "Alceste à bicyclette" !


Alceste à bicyclette