De multiples inconforts de toutes parts.
Et une envie de se battre à la fin, même si on était violent comme une pivoine.
La famille Grégoire, celle de son chum, ne rendait jamais Sabrina très à l'aise. Chaque été depuis qu'elle sortait avec Eric, se réunissaient les 9 frères et soeurs Grégoire, leurs enfants (dont Eric) et maintenant les petits-enfants, pour la grande fête des Grégoire sur le terrain de l'un d'eux sur la Rive-Sud de Québec. Tous les frères et soeurs, avaient été élevés à Joly, et seul le père d'Éric avait, non seulement choisi de passer sa vie d'homme marié ailleurs que sur la Rive-Sud de Québec mais en plus, il avait habité Montréal-la-méchante et y était resté avec sa petite famille, comprenant Éric, son fils unique, maintenant amoureux se Sabrina depuis 10 ans. Et depuis trois ans, eux-même néo-parents.
Nécessairement ces gens ne voyant/fréquentant pas autant que les autres, se connaissaient moins.
Eric et Sab étaient toujours un peu en retard sur les cousins/cousines, belles-soeurs/beaux-frères, qui eux, se connaissaient beaucoup trop bien. Sab ne savait jamais quoi discuter en leur compagnie. Avec Violette, une cousine de 26 ans, elle l'avait appelée par erreur trois ans de suite Violaine, ce qui avait finalement fini par irriter profondément la fille au prénom de couleur qui maintenant l'évitait. Régis, le chum d'une cousine à Éric, extrêmement bruyant à la limite du manque de savoir-vivre, était une fois entré en bedaine dans la salle de lavage où se tenait le bol de punch en hurlant: C'tu ici que l'party est pogné? pour tomber sur la fragile Sabrina qui se servait seule, un verre et avait sursauté en en reversant un peu. Régis avait bredouillé une excuse et était reparti en fermant la porte comme si il avait surpris quelqu'un aux toilettes. Ça avait frappé Sabrina. N'avait-il pas pu lui dire un mot, un seul, ne serais-ce que pour continuer à rigoler? Était-elle à ce point au banc dans cette famille?
Suite à un été trop chargé pour tous, la réunion familiale aurait lieue en hiver, à la cabane à sucre à Marcel.
Profitant de ce public soudainement nombreux et dont l'attention n'avait pas été calculé, elle se dit qu'il fallait alors jouer le grand coup pour que les gens la voit définitivement différemment. Bébé au bras, elle se sentit sous l'emprise d'une irrépréssible envie de faire jouer à son fils de 3 ans, l'animal de cirque. Elle fît part à tous d'une découverte qu'elle fît récemment avec bébé:
"Regardez ce qu'il fait" dit Sabrina en immitant tout de suite après avec sa bouche, le bruit d'un pet.
"Pardonne" a dit bébé spontanément de sa voix de gazou.
"Comique hein?, a repris Sabrina, il l'épèle déjà comme il faut! avec un "n" à la fin!"
Il y avait pourtant foule mais le silence était total. Comme si tout le monde imaginait Sabrina péter dans la maison toute la journée et pratiquer avec bébé la réponse d'excuse.
Ouais, la perception de Sabrina-de-Montréal venait de changer pour de bon.
Sab, pour sa part, jurait entendre la musique d'une fin de pub télé de Tim Horton dans sa tête.
Et se sentait violente comme une italienne qui disjoncte.
Même si elle avait tout de la pivoine.