Panama-ciudad con amigos viajeros y malabaristas

Publié le 12 avril 2012 par Jacquesroad

Depuis que j’ai renvoyé mon vélo en France par la poste chilienne, mon objectif est d’atteindre Panama pour y trouver un voilier sur lequel je pourrais traverser l’Océan Pacifique. Après dix mois de pérégrinations, me voilà rendu. Pourtant, alors que je touche au but, à la lumière de la réalité, mes chances d’embarquement me semblent soudainement bien minces. Et, pour la première fois de mon voyage, je n’ai plus aucune certitude sur ma prochaine destination. Après tout, pourquoi ne pas continuer ma route à travers l’Amérique Centrale, le Mexique, les Etats-Unis, le Canada ? En définitive, peu importe du moment que j’avance vers l’Ouest, tous les chemins, compris dans un angle ouvert à 90 degrés, allant de l’Australie à l’Alaska, sont possibles.



A mon arrivée dans la capitale panaméenne, je passe un après midi à chercher désespérément un hôtel bon marché. Je dois me rendre à l’évidence : Panama, qui a pour devise le dollar américain, est trois fois plus chère que la Colombie. Heureusement, dans la rue, je rencontre un couple d’artesanos franco-argentin. Je leur demande où ils logent car je sais par expérience que cette «  confrérie  » a toujours les meilleurs plans, ce qui est bien utile quand on arrive dans une ville qu’on ne connait pas. Flor et Daëli viennent également d’arriver à Panama. Ils sont en fait dans la même situation que moi. Mais on vient de leur indiquer une pension de famille, apparemment la moins chère du coin : 6 euros la nuit. Ayant déjà réservé une autre auberge pour le soir même, je les y rejoins le jour suivant. La pension est située à la frontière entre le quartier San Felipe, qui constitue le Casco Viejo et Chorillo, un barrio réputé dangereux, tout près de la place Santa Anna, où commence l’avenue piétonne centrale. C’est une vieille bâtisse fissurée, sans panneau signalant un quelconque hébergement. Ses balcons sont en fer forgés et ses planchers cirés grincent sous les pas. Sur cour, il y a une vaste terrasse surplombant un bras de la baie de Panama, juste en face de la péninsule d’Amador, où se trouvent les mouillages des voiliers de plaisance en transit par le canal. Je ne pouvais rêver meilleur emplacement pour établir mes quartiers, durant la période à durée incertaine que je vais passer dans cette ville. Séduit, je m’installe.



Dans l’après midi, je contacte Cristina et Ariel qui m’ont déjà envoyé un mail pour me proposer de me rembourser la somme que je leur avais prêté à Puerto Obaldia. " Il y a plein de semaforos ici et le jonglage marche super bien ! "  me disent-ils. Le lendemain, ils décident de me rejoindre dans mon auberge car, de leur coté, ils n’ont pas trouvé mieux. Je ne sais pas encore que je vais passer plus d’un mois avec eux à Panama, temps qui nous permettra de nous lier d’une véritable amitié. Partageant la vie des autres pensionnaires de la résidence, qui deviendra presque notre maison, nous formerons avec eux une petite communauté quasi familiale, dont les membres hétéroclites et hauts en couleurs m’évoquent un peu ceux de la pension de famille du Père Goriot.
La suite au prochain épisode...