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CAMEROUN. Affaire des otages: Kader Arif, l’émotion française et la raison camerounaise

Publié le 21 février 2013 par Menye Alain
Kader Arif

Kader Arif

L’ancien académicien et président sénégalais Léopold Sédar Senghor s’est certainement et probablement retourné dans sa tombe, après l’emballement médiatique survenu avec l’annonce prématurée de la libération des otages français au Cameroun. Ne disait-il pas que « L’émotion est nègre, la raison Hélène » ? Au moment où Reuters annoncent depuis Maiduguri:

 Les forces de sécurité nigérianes ont encerclé dans l’État de Borno les ravisseurs des ressortissants français enlevés au Nord-Cameroun et s’emploient à obtenir leur libération, a annoncé jeudi une source militaire nigériane.

L’armée a localisé les otages et leurs ravisseurs entre les localités de Dikwa et de Ngala, dans l’extrême nord-est du Nigeria, a précisé cette source sous couvert de l’anonymat.

Dikwa est distant de moins de 80 km de la frontière camerounaise, où les trois adultes et les quatre enfants français avaient été enlevés mardi.

Mais, la personne vers qui tout le monde se tourne maintenant, c’est le ministre français des Anciens combattants, Kader Arif. On lui demande des comptes après sa boulette à l’Assemblée nationale. Même le Premier ministre Jean-Marc Eyrault s’est perdu en attestant que c’est la première fois que des enfants français sont…otages. Non. En 1976, des enfants français avaient été faits otages à Djibouti. Faut-il aussi revenir sur le cas de la prise d’otages dans la maternelle de Neuilly/Seine ? Passons.

Le Quai d’Orsay s’est très vite rattrapé mais, refuse d’incriminer les médias…français, notamment l’AFP, qui a trituré, selon nos informations, les propos d’un officier camerounais. En effet, d’après un voyageur camerounais revenant du Nigeria, des hélicoptères militaires continuaient ce jeudi de rechercher les sept Français enlevés dans l’Extrême-nord du Cameroun, et que, les ravisseurs avaient été repérés. Hélas, c’est devenu « Les otages Français ont été libérés ». Sacré AFP ! Nous avons tous été dupés.

Issa Tchiroma Bakari

Issa Tchiroma Bakari

Le président du Cameroun, Paul Biya, dès l’enlèvement, avait ordonné un renforcement de la sécurité et des mesures urgentes pour faire libérer les otages. En apprenant que l’AFP et les médias français s’emballaient, le Palais de l’Unité (Résidence du chef de l’État), à Yaoundé, a contacté les forces de sécurité camerounaise dans l’Extrême-nord, qui ont démenti la rumeur véhiculée par l’AFP.

A la suite de ce démenti des militaires camerounais, entrait alors en scène, le ministre camerounais de l’Information, Issa Tchiroma Bakari. Dans sa déclaration, d’abord traitée d’ubuesque par la France, il a parlé de « folle rumeur », démentant formellement cette fausse information qui envahissait le globe. « Incompétence » des autorités camerounaises entend-on ici et là, la France ayant tancé, semble-t-il, la gestion du dossier et autres critiques acerbes sur la non surveillance des frontières, tout y passe.

Sans vouloir m’immiscer dans un débat politique camerouno-camerounais de mauvais aloi, il serait temps, pour les uns et les autres, de comprendre, d’avoir la réelle expertise sur ce que signifie la transfrontalité entre le nord Cameroun et le nord Nigeria, avant de déblatérer…La majorité des Camerounais voient, aussi, d’un mauvais oeil, la présence des gendarmes français en territoire camerounais. J’approuve cette démarche.

Les ennemis du Cameroun sont nus et, l’émotion n’est pas toujours nègre…


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