« J’avais la chance de vivre de mon art et pas à la sueur de mon front. »
Combien d’artistes ont prononcé cette phrase avant de sombrer dans une profonde dépression, dans l’addiction à des drogues voire dans le suicide.
C’est étrange à quel point les chanteurs, les acteurs, les peintres ou les écrivains à succès laissent à la fois une impression d’épanouissement artistique et de souffrance solitaire.
L’énergie créatrice est-elle à ce point un processus si ravageur et si émotionnellement absorbant qu’elle fragilise ceux qui en sont dotés ? L’imagination engendre-t-elle nécessairement le malheur ?
Faut-il brûler sa vie pour n’en consommer que brièvement l’intensité ? C’est probablement le pari que tentent ceux qui ont entretiennent un rapport distancié à la perspective de mourir.
Une vie d’artiste, ses excès, ses latences, ses tourbillons qui ramènent parfois l’existence d’une personne exceptionnelle à l’état d’une personne normale, avec fracas.
On plane, et quand on ne plane plus, on se crashe. Ça vaut le coup finalement ?
Celui qui évoque sa « chance » de vivre de son art est un certain Bono, le leader du groupe U2, qui gère apparemment sa célébrité planétaire avec une hauteur et un égocentrisme très nuancés. Alors bonne chance…