Naissances au Jardin d'Eden

Publié le 22 février 2013 par Sambuca

Les études génétiques ont démontré que Malus sieversii est le pommier originel, le pommier du Jardin d'Eden, celui qui a donné naissance par sélection à tous nos pommiers cultivés. Contrairement aux autres pommiers sauvages il a de grosses pommes souvent sucrées et délicieuses. Son patrimoine génétique est énorme et il est impossible de prévoir la taille, la forme, le goût des pommes qu'il donnera à partir d'un pépin. Il forme au Kazakhstan de vastes forêts fruitières dont l'origine remonte à des millions d'années.

Nos pommiers cultivés nécessitent 25 à 36 traitements !!! pour donner les si belles pommes que nous achetons pour notre consommation. Est-ce inoffensif pour notre santé ? C'est parce que les sélections leur ont fait perdre les gènes de résistance aux maladies que possède sieversii. J'ai acheté le pommier 'Ariane' à qui les scientifiques de l'INRA ont redonné un gène de résistance à la tavelure à partir de croisements avec Malus floribunda. Mais j'avais très envie de Malus sieversii par curiosité botanique.

Il semble impossible d'obtenir en France des Malus sieversii. Seuls un très petit nombre d'arboretums en ont planté un seul exemplaire (il en faut 2 pour la reproduction).

J'ai pu obtenir quelques pépins des américains. Il faut dire qu'eux aussi possèdent des forêts de pommiers originels, de vastes vergers obtenus par semis et greffons au Cornell Institute.

Mes pépins commencent seulement à germer et le début du développement est lent. Je ne voulais pas vous les montrer encore de crainte d'un arrêt du développement et donc d'un échec. Je me suis décidée à vous les montrer dès le début, au stade des cotylédons, parce que la première plantule germée est en train de me montrer son incroyable énergie vitale et je ne crains plus l'échec.

Nous allons donc voir d'abord l'épopée de cette première plantule.

J'avais fait 3 lots de 10 graines. Un lot a été mis au réfrigérateur, à sec dans un sachet plastique étanche. Un lot a été semé dans une terrine à l'extérieur. Un lot a été semé dans du terreau humide et mis au réfrigérateur. C'est dans ce lot, sorti au bout de 2 mois et mis dans le séjour (17 à 18°) qu'a eu lieu la première germination.

La barquette a été sortie début janvier. Le 18 janvier j'ai vu la première germination, une tige verte surmontée d'un capuchon, l'enveloppe du pépin :

Le 25 janvier, cela n'avait pas beaucoup évolué, juste un allongement de la jeune tige et un redressement de la tête :

Le 26 janvier les cotylédons ont grandi et se dégagent du capuchon :

C'est alors que j'ai fait une énorme bêtise. Le temps était très doux, j'ai voulu lui faire prendre l'air un moment. Je l'ai placé dehors sur la table des semis, très discrètement au milieu des autres pots. Une heure plus tard je n'ai pu que constater l'horreur : un oiseau avait mangé l'extrémité, il ne restait que la tige.

A partir de là, les photos ne sont pas faciles, cela ne fait qu'1 mm de large et ce que j'y montre n'est pas nettement visible à l'œil nu.

Je n'ai pas eu le courage de détruire cette tige mais je n'avais aucun espoir pour la survie. Pourtant 15 jours plus tard, le 11 février, j'ai l'impression qu'il se passe quelque chose :

Le 18 février :

Aujourd'hui :

A partir de l'insertion des cotylédons sur la tige du tissu cotylédonaire s'est reformé pour nourrir la plantule. Sur la première photo on voit nettement une petite vraie feuille qui pend devant.

Quelle puissance de vie !