1630, la "fièvre des tulipes" fait rage à Amsterdam. Marchands et entrepreneurs sont prêts à toutes les folies pour acquérir ne serait-ce qu'un bulbe de cette fleur rarissime, qui déchaîne les passions... jusqu'à ce que l'offre dépasse la demande et ne ruine tout le monde. 50 ans plus tard, la tulipe, désormais honnie et taboue, refait surface d'une bien mystérieuse manière : deux membres de la société secrète des "Vénérateurs de la tulipe" sont assassinés en pleine rue, un pétale de tulipe au creux de la main. Une enquête captivante pour l'inspecteur Jeremias Katoen.
Une plongée au coeur de l'Amsterdam du XVIIème siècle A la lecture de La tulipe du mal, le voyage est garanti. Avec un réalisme saisissant, l'auteur nous entraîne dans les ruelles du plus grand port européen du XVIIème siècle où prostituées, maquereaux et coupe-gorge côtoient notables et politiques. Dès les premières pages, on suit l'inspecteur Jeremias Katoen dans ses enquêtes de routine, avant même que ne lui soit confiée l'affaire de l'assassin aux tulipes. Épier les prostituées voleuses pour les prendre la main dans le sac est une mission que ni repousse pas l'enquêteur, si l'on se fie à ses moeurs libertines que l'auteur décrit avec moult détails. Dans son enquête sur les meurtres aux tulipes, Katoen va être amené à fréquenter de près les milieux d'amateurs de la tulipe, et y soulever bien des secrets...
Une intrigue dépaysante mais prévisible Une chose est sûre : dans ce roman, on ne s'ennuie pas. Le rythme trépidant, les secrets dévoilés et ne serait-ce que l'originalité du thème rendent l'intrigue captivante, et l'effet page turner est bien au rendez-vous. Néanmoins, j'ai regretté les ellipses que l'auteur a introduites dans le déroulement de l'enquête, comblées par les révélations de Katoen au détour d'une conversation, qui semblent malheureusement sortir du chapeau. De fait, l'intrigue en est quelque peu tarabiscotée et il est par moment difficile de suivre. Paradoxalement, celle-ci est parfois un peu plate, et il est facile de deviner, bien des chapitres à l'avance, qui est un imposteur et qui est digne de confiance.
J'en viens par là à mon dernier reproche : Katoen. Je n'ai qu'un seul problème avec lui : à être trop efficace, trop gentif, parfois trop naïf... bref, trop parfait, il ne m'a pas réellement convaincue. Un personnage qui présente si peu d'aspérités a tendance à ne pas m'inspirer grand chose et à me sembler peu vraisemblable.
Quoi qu'il en soit, j'ai malgré tout adoré La tulipe du mal, qui reste un excellent polar historique. Cette histoire dépaysante et méconnue est terriblement captivante et constitue une lecture parfaite pour passer un bon moment de détente.
La tulipe du mal de Jörg Kastner, Le Livre de Poche, 2012, 480 pages