Je tiens par ce billet à réparer une grande injustice : l'absence de prix pour Camille redouble malgré ses multiples nominations aux Césars.
Camille redouble, c'est d'abord une histoire de dingue qui tient la route de la première minute à la dernière : une quadra à la ramasse professionnellement et personnellement parlant va revivre ses années lycée et tenter d'influer sur son futur qu'elle connait déjà.
Donc, le César du scénario revient à... Camille redouble.
Camille redouble, par une mise en scène tendre et pudique, nous fait revivre les retrouvailles d'une adulte avec ses parents décédés. C'est beau,tendre, émouvant sans être larmoyant même si on en ressort tout chamboulé car l'espace d'un instant, on se dit : "Et si c'était possible ? Et si ça m'arrivait ?".
Donc, le César de la mise en scène revient à... Camille redouble
Camille, c'est Noémie Lvovsky, grise, dépressive, alcoolique à quarante ans, lumineuse, éclatante de vie et de joie à 16 ans car l'une des prouesses de ce film, c'est que c'est elle qui joue à la fois l'ado et l'adulte sans effets spéciaux si ce n'est une garde-robe psychédélique.
Donc, le César de l'actrice revient à Noémie Lvovksy et le César des costumes à Camille redouble.
Camille redouble, c'est aussi un film d'ambiance qui nous replonge avec bonheur dans les années 80 avec ces vêtements improbables, ces couleurs pétantes, ces imprimés que même maintenant on n'oseraient pas les porter et ces musiques entraînantes sur lesquelles les filles se déhanchaient dans des chorégraphies plus ou moins élaborées sous l'oeil incrédule mais lubrique des garçons. Mention spéciale aussi à la déco de l'appart de la Camille adulte avec ses couleurs tapantes qui contrastent avec la tristesse de sa vie.
Donc, le César de la musique et le César du décor reviennent à Camille redouble.
Camille redouble, c'est aussi un trombinoscope de tout ce qu'on fait de mieux en matière de seconds rôles : Yolande Moreau en maman douce et lunaire, Mathieu Amalric en prof libidineux, Denis Podalydès en prof pas si borné que ça, Vincent Lacoste toujours aussi bon dans les rôles d'ado, Micha Lescot en prof de théâtre allumé et j'en oublie certainement...
Donc, le César du meilleur second rôle féminin revient à Judith Chemla.
Pour finir, figurez-vous qu'après avoir vu ce film pour la deuxième fois, j'ai fait un rêve merveilleux : j'étais au collège dans la classe de mon fiston, adulte alors que tout le monde me voyait comme une ado, et que je me suis pris un pied de folie à assister aux cours, voir les profs à l'oeuvre avec le regard et le détachement d'une ménagère de moins de cinquante ans.
C'est pour cela que je tiens aussi à décerner le César du meilleur rêve depuis des années à Camille redouble.
Ce qui nous fait au total... 10 Césars pour Camille redouble ! Ah, voilà qui est mieux !