Les dimanches pyjama

"Quand est-ce qu'on s'habille ?"
C’est cette innocente petite question qui déclenche la prise de conscience. Je regarde celle qui me l’a posée, et je vois : une adorable petite fille dans un pyjama petit bateau sur lequel on peut nettement distinguer, pêle-mêle, du Nutella, du miel, différentes couleurs de feutres, des paillettes, du ketchup, du Yop parfum fraise, de la pâte à modeler, etc, etc.
Il y a des jours comme ça... En général, c'est dimanche, et au choix : il pleut, neige, vente ou gèle. Tout ce qu'il faut pour anéantir toute forme de motivation, et tuer dans l'œuf n’importe quel projet.
Sauf que là, c’est même dimanche soir, et qu’à l’évidence, le niveau d’activité au cours de la journée a été réduit à celui de limaces neurasthéniques. Pour preuve : un bref coup d’oeil me permet de constater que les filles sont toujours en pyjama, à cette heure-ci (ces espèces de graines de feignasses...).
C’est alors qu’un horrible doute me traverse l’esprit et me pousse, à mon corps défendant, à un self-examen rapide. Le bilan est terrifiant :- Un bas de survêtement, qui, pour ce qui est du style, était déjà perdu d'avance, et dont les genoux ne tiennent plus aujourd'hui qu'à quelques fils dont il faut ici saluer l'héroïsme.- Une polaire qu'on m'a offerte pour mes 25 ans, sauf que quand on voit l'état de la dite polaire, on se rend bien compte que je dois avoir au moins 29 ans (et quelques poussières). - Des chaussettes de tennis modèle Björn Borg (Oui. Celles avec les bandes de couleur qui en font aujourd'hui tout le charme).- Et, cerise sur la tenue : les babouches que je devais jeter il y a au moins deux ans, mais que je garde encore parce que je n'arrive pas à retrouver les mêmes (Non. En fait, j’ai la flemme de les chercher...).En clair, la tenue dans laquelle, même lorsqu'il s'agit seulement de sortir les poubelles la nuit, j'espère que mes voisins ne me verront pas...Alors quand une des filles demande, à 18 heures 45, sur un ton un peu désespéré : "Quand est-ce qu'on s'habille ?" Comme au cinéma, la journée repasse dans la tête au ralenti, et après quelques instants de réflexion, il faut se résoudre à répondre : "Nooooon, mais lààà, on va juste changer de pyjama..."

Non mais quelle classe...