Ton enthousiasme et tes idéaux peuvent être pris comme une tentative de donner une leçon

Publié le 28 février 2013 par Ctrltab

Je n’aurais pas dû mais je me les pelais et la rage bouillonnait dans ma tête. J’avais les jambes bleues et ces vieux sur leur banc m’avaient agressée. « Eh bien dis donc, on ne se gêne pas ! Les jeunes non mais quelle indécence ! » J’aurai dû frayer mon chemin, comme le dit si bien Fabien, rabattre mes cache oreilles et filer. Non, trop d’injustices tuent la justice. Alors, j’ai stoppé mon vélo. Devant le papy à casquette et la mémé chinoise qui n’avaient rien de mieux à faire que de contempler le monde et de le critiquer, passifs, en haut des Buttes. « Hé, les vieux, regardez », j’ai lancé. J’aurais pu avoir recours à la parole si je désirais tant un procès pour me défendre. J’aurais pu expliquer mon pétrin, la piscine fermée, la recherche de vélib pour me rendre dans un bassin plus éloigné, le monde fou dans l’eau, le mec qui m’a piqué mon pull-boy, m’y a foutu ses sales microbes, et puis, la chute finale, après les douches pisseuses, et le moment que je déteste, celui où l’on se rhabille, dans le froid, la peau transie et humide, et où je m’aperçois, comme une conne, que je n’ai plus mon legging, que ce n’est même pas la peine d’y penser, que l’on me l’a piqué et qu’il va falloir rentrer, jambes nues au plus vite, la touffe quasi à l’air sur la selle du vélo, à moins cinq dehors.

J’ai pas voulu faire appel à leur compassion, je n’ai pas misé sur leur empathie, non, les deux vieux, je me suis dit, ils vont en avoir pour leur argent. Ils veulent du show, ils l’auront. Je vais me payer leur tête et j’ai soulevé ma mini-jupe. Normalement, je n’aurais pas dû me faire chopper. Vous trichez pour la première fois, vous ne payez pas votre billet, et les dieux sont contre vous, avec votre tête de coupable qui en dit long, trop long, et vous vous faites contrôler au détour du premier couloir de métro. Comme un bleu. Bref, « ça » a sifflé. « On » m’a traitée « d’exhibitionniste publique. » Non, mais quelle connerie ! J’en ai rajouté. Ce n’étaient pas des enfants, ils en avaient vu d’autres ! (Du moins, je l’espère…). Qu’ils aillent tous se faire rhabiller avec leur morale pudibonde à deux sous. Et j’ai terminé au poste pour «outrage et injure à agent public. » Je l’ai suivi contre mon plein gré.