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L’instant de l’entre deux

Publié le 02 mars 2013 par Adamante

  

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L'arbre qui danse illustration ©Adamante


J’aime ces moments où le jour va basculer dans la nuit.

Je n’ai pas envie d’allumer la lumière.

Je pénètre ou me laisse pénétrer par les dernières lueurs d’une journée éteinte de brume. 

On pourrait croire qu’il va neiger.

L’attente…

L’attente est partout, lourde, qui atténue les bruits.

L’air est une bête qui retient son souffle ce soir.

Il n’est pas encore l’heure, ni de la nuit, ni de la neige.

Je profite de ce moment en point d’orgue, celui de l’instant, aux allures d’éternité qui semble pétrifier la vitesse, pour pénétrer la vacuité. 

Pourtant je le sais bref cet instant, bientôt je parlerai de lui au passé, conservant précieusement la mémoire de son goût, comme celui d’un fruit rare. 

La ville commence à ouvrir ses yeux oranges et jaunes qui dénoncent la présence des hommes cachés derrière leurs murs.

Ils ne sont plus infranchissables ces murs sous l’œil des  caméras thermiques, il n’est plus un seul endroit sur la terre où le vivant puisse se rendre invisible. Nous devons désormais notre anonymat à la multitude, mais notre trace ne nous appartient plus, elle s’écrit en couleur, en chaleur sur les écrans informatiques des forces qui nous surveillent.

Ce soir, je goûte le bonheur d’être là, dans la pénombre à guetter l’arrivée de la nuit et je suis nostalgique du temps où l’homme pouvait se confondre au paysage et risquer sa vie sans que personne ne le sache. 

Le danger de cette liberté désormais surveillée me semble plus effroyablement dangereux que celui de mourir en prenant des risques, mêmes insensés.

L’homme est taillé, je crois, pour risquer sa vie afin de pouvoir l’apprécier.

Cette liberté est la clef de son bonheur.

Dernier croassement d’une corneille, la nuit vient de vaincre l’instant de l’entre deux. 

La neige sera-t-elle au rendez-vous ?

©Adamante



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