A ma mère…

Publié le 03 mars 2013 par Fredlafortune

Parler de mes premières rencontres avec la lecture, c’est parler de ma mère, une femme avec qui j’ai partagé, dès mon plus jeune âge, le délire du verbe. Elle m’a fait découvrir des poèmes que je devais apprendre à dire lors des fêtes de fin d’année. J’ai appris à aimer la lecture grâce à elle. Comme dit Daniel Pennac: « chaque lecture est un acte de résistance. Une lecture bien menée sauve de tout, y compris de soi-même ». Je réclame cette idée de la lecture comme carrefour du monde et des civilisations. La lecture façonne, transforme, donne sens au monde. Chaque lecture est un monde de pensées. Elle est pour moi recherche de soi, née de cette nécessité de comprendre l’étrangeté de notre intime rapport au monde.

Telle des ombres orphelines cherchant sur la plage les premières amours de la grève, la lecture s’est faite chair et m’a hanté depuis. Des livres, pendant toute mon enfance, j’en ai lu plus d’un. Mais le livre qui m’a beaucoup marqué, c’est la Bible. Je me souviens, enfant, m’être réfugié dans ces versets bibliques comme le marin sur la mer. Aidé par ma mère, j’ai appris par cœur des versets qui étaient, et qui sont encore pour moi comme une espèce de credo: « Enfants, obéissez à vos parents / selon le Seigneur, car cela est juste / Honore ton père et ta mère, c’est le premier commandement avec une promesse / Afin que tu sois heureux et que tu vives longtemps sur la terre ». (Ephésiens: 6 verset 1- 4)

La nuit, avant que mes frères et sœurs et moi cherchions à nous entasser dans le sommeil, nous devions, telle une litanie de fin du monde, lire plusieurs versets bibliques. Le plaisir de ces nuits de lecture m’a fait découvrir les psaumes de David, particulièrement la poésie et l’érotisme dans Cantique des Cantiques de Salomon. C’était agréable.

La Bible, telle des ombres muettes cherchant sur la plage les premières amours de la grève, m’a marqué pour ses cohésions et pour ses contradictions. J’avais, d’une part, le problème de Dieu et, d’autre part, celui des institutions religieuses qui se réclament de Dieu. Mais, à cette époque de mon enfance, il m’était interdit de poser toutes formes de questions pouvant mettre en cause l’authenticité de ces choses- là. Il fallait y croire. Tout simplement.

J’avouerais ne pas avoir aujourd’hui trop grand intérêt pour la lecture de la Bible. Le printemps va venir, je raffole des hirondelles.

Fred Edson Lafortune