Pourtant la difficulté de la lutte contre cet ennemi déclaré ne réside pas dans son imperceptibilité et son absence de faciès, mais bien au contraire dans son aspect protéiforme. Différentes apparences qui vont des stocks-options dérégulées aux banques privées souveraines, des niches fiscales à l’exil du même nom, des traders à Florent Pagny, le chanteur de « Bienvenue chez moi » parti très loin pour garder sa liberté de dépenser.
Exemple parmi d’autres, le monde de la finance est peuplé de femmes et d’hommes dévoués à une seule ambition : Aider à certains citoyens de payer moins d’impôts. Rémunérés pour cette noble cause, ils travaillent dans ce que l’on nomme pudiquement, la défiscalisation. Altruiste et délicate attention si l’on oublie que réduire le taux d’imposition des uns, signifie faire augmenter proportionnellement le taux d’imposition des autres.
Car des ressources, un pays en a besoin pour financer les hôpitaux, les écoles, les crèches, les routes et toutes les autres infrastructures publiques. Des infrastructures que ne manquent pas d’utiliser celles et ceux qui pourtant cherchent à se dérober à leur financement ; tout autant que celles et ceux dont l’hypocrisie n’a d’égale que la pertinence de leurs conseils en placements financiers. « Les ruses et les machinations ont été imaginées par les hommes pour venir en aide à leur lâcheté » affirmait l’écrivain grec Euripide. Sans pour autant imaginer que cette profession de foi serait la base d’une profession de mauvaise foi.
« Payez pour moi ! » semble donc être la devise de certains contribuables français considérant l’impôt comme un obstacle, voire une sanction. Pourtant, un feu rouge est-il une entrave à la circulation, ou la seule manière pour celle ci de s’accomplir dans de bonnes conditions ? Une loi est-elle une entrave à la liberté ou la condition nécessaire à son existence ? Les impôts sont-ils un procédé injuste et illégitime ou le seul moyen de préserver un semblant de justice nécessaire au « vivre ensemble ».
Encadrer ce genre de secteur d’activité, punir ceux qui collaborent avec ce fameux ennemi serait un acte fort, clair et fondateur en même temps qu’un moyen efficace pour combler les déficits. Car pour le moment, par son incapacité à prendre des mesures concrètes et radicales, François Hollande reste l’ennemi du Trésor public n°1.
Guillaume Meurice
04/03/2013