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Léopold Congo Mbemba

Publié le 06 mars 2013 par Adamante

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Le cerceuil dansait

sous le chant d’au-revoir

il tournait

virevoltait

oublieux des porteurs

qui lui prêtaient leurs jambes.

Pour moi c’était la vie

elle s’affirmait

s’imposait si naturellement

que le mort

dans sa boîte

transformait les pleurs

en espoir

ultime transcendance

mariage singulier

de sentiments antagonistes

qui arrachaient des cris aux femmes

des larmes silencieuses aux hommes

et qui mêlaient leurs voix

pour conjurer la mort

et qui ensorcelaient leurs pieds

racines parfumées de la Terre natale

pour afirmer la vie.

C’était l’Ouroboros

qui dansait là

Symbole d’une vie accomplie

partie s’enraciner ailleurs.

Cet homme

Léopold Congo Mbemba

respecté comme un sage

comme un père

aimé de tous ceux qui m’en parlaient

je ne l’avais jamais rencontré.

Est-il besoin de rencontrer un poète

pour le connaître ?

Ses mots ne dessinent-ils pas ce qu’il est

ce qui l’anime ?

En ce début d’après-midi

dans ce flot pris de chant

il m’apparaissait

dans la nitescence du ciel

enfin bleu

de cette fin d’hiver.

Une princesse Rwandaise

fragile et exaltée

m’avait conviée à la cérémonie

j’étais venue

elle était absente.

J’étais là

à me dire

que j’aimerais moi aussi

danser ainsi

pour mon dernier salut

laissant à d’autres le soin de chanter

de marquer la mesure de mon absence

pour rompre avec la rigidité cadavérique

par l’évanescence d’un chant

qui m’emporterait

vers cet ailleurs

indéféni.

Une femme qui m’observait

lisant sans doute sur mon visage

les pensées qui m’habitaient

moi l’occidentale au teint pâle

m’a rejointe et m’a dit :

« C’est un chant d’au-revoir,

   chez nous, c’est la coutume ! »

puis agitant la main elle m’expliqua :

« On lui fait signe pour qu’il sache qu’on se retrouvera ! »

Alors elle s’est mise à fredonner

et moi

moi j’ai fermé les yeux

pour mieux voir.

©Adamante


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