Elle avait décidé de remettre son carnet d'adresses à jour.
à la page des ex elle avait souri et s'était souvenue :
L'excommunié
elle l'avait rencontré à Saint Jean où elle admirait les vitraux de la cathédrale.
Elle avait écouté son discours, ils s'étaient revus et connus … bibliquement ! « Tu seras mon temple, ma chapelle. »
Il lui avait fait un môme, comme quoi le septième ciel n'est pas nécessairement le paradis.
Fervent catholique , il avait l'humour d'un prédicant baptiste dépressif et prêchait " aimez-vous les uns et les autres " avec un prosélytisme sans faille qui forçait le respect des villageois et la virginité des jeunes filles alentour, raison pour laquelle elle l'avait flanqué à la porte.
- Va marcher sur l'eau et enseigner les foules et n'oublie pas de multiplier les petits pains du casse-croûte histoire de nourrir ton rejeton -
lI ne se l'était pas fait dire deux fois. Aux dernières nouvelles il testait avec succès le précepte " croissez et multipliez-vous ", une solution comme une autre pour lutter contre la désertification des campagnes !
l'expatrié
Il était arrivé un soir, fourbu, avait posé guitare et sac à dos et lui avait demandé asile pour la nuit. Son petit côté guide du routard, lui rappelait son époque post soixante-huitarde " on fait pousser des chèvres sur le Larzac, en communauté, la vie est douce et marijuana une bonne copine ".
Il racontait ses voyages, Bornéo, Khatmandou, Ceylan ou encore Cuzco ou Macchu piccu, le rire aux lèvres et des lumières plein les yeux.
Mais la campagne française l'avait vite déprimé, la plaine du Forez n'est pas la pampa, ni les monts du Lyonnais l'Atlas. Ses envies de pirogues et de grands espaces l'avaient repris, il était reparti, laissant sa guitare et promettant des cartes postales.
l'exterminateur
avec lui l'aventure, ou plutôt, le cauchemar, n'avait pas duré longtemps.
C'était un maniaque de l'ordre et du rangement par le vide. Au bout d'un mois il avait fait disparaître toute la décoration de la maison et brûlé les tapis.
Ce malade avait sulfaté le jardin à grand renfort de désherbant ( merci Monsanto), " passez- moi tout ça à ras et ce fut un désert " ( quoi ? Un psychopathe qui cite Francis Blanche ? bien sûr cela existe, la preuve !).
Il s'essayait au fusil sur les chats des voisins et le succès de l'opération avait décimé l'espèce. Quand il avait voulu vermifuger le chien avec la mort-aux-rats elle avait appelé la police.
Depuis, il allait mieux, il avait même le droit, lorsqu'il était sage, de ratisser les allées de l'hôpital psychiatrique où il séjournait désormais.
L'excentrique
il l'avait beaucoup fait rire.
Fagoté comme un clown Auguste sous acides, il traversait le village à la tombée de la nuit en chantant à tue-tête un inépuisable répertoire d'hymnes à l'anarchie.
Quand il avait attaqué les versions allemandes, le très vieux voisin d'obédience maquis communiste avait alerté la mairie " les Boches sont de retour ".
Ils s'étaient séparés , bons amis et d'un commun accord, non sans avoir défrayé la chronique et frisé l'incident diplomatique.
excalibur
qu'est-ce que ça fiche, là ?
exaspération, excitation, expérience, extase, extra, ex-voto , ben mince alors, une page du dictionnaire !
Après un rapide examen, elle avait tout expédié à la poubelle.
Sauf l'exception, qu'elle avait gardée, pour confirmer la règle !
...
P.S. : petite précision ( faut bien tenter de rassurer l'entourage ! )
ceci est une fiction :
Je ne cautionne pas l'extrêmisme religieux, ni ne commerce avec Monsanto
Bien qu'étant germaniste, je chante l'anarchie en français, afin que tout le monde comprenne, et de préférence en pleine journée, pour élargir l'auditoire.
Je ne déchire jamais les pages du dico
La guitare, c'est la mienne
et alors, je vous le garantis, sur le Larzac, pour tout vous dire … ce n'étaient pas des chèvres !!!
...