En quoi, suis-je concerné par la souffrance d'autrui … ?

Publié le 10 mars 2013 par Perceval

Je visite – bénévolement - des personnes malades psychiques dans le cadre d'une aumônerie d'un hôpital psychiatrique … Je rencontre des hommes ou des femmes qui peuvent tomber dans la dépression, jusqu'à des personnes qui - par décision d'un juge - subissent l'enfermement... Certains depuis 10, 20 ans … !

En quoi, suis-je concerné par la souffrance d'autrui … ?

Ou plus simplement : pourquoi est-ce que je fais cela … ?

  • Je ne sais pas … ! C'est vrai, aussi... Mais, encore...

  • Je pense que, fondamentalement, c'est pour les mêmes raisons, qu'un agnostique ( ou athée …) le fait : il y va de mon idée ( comme quoi : intello ça sert aussi …!) que je me fais de l'humanité, du sens d'être un humain... Du sens que j'ai d'être là, de ce que je fais de ma liberté … ( humanisme .. ; existentialisme, même ..etc). Et puis, il y a la relation à l'autre, et tous les 'avantages secondaires' qu'il y a de partager quelque chose qui a du sens... Besoin de « relationnel » … etc..

  • Ce n'est pas parce que je suis chrétien ! Je n'obéis pas à un injonction « morale ». Je ne fais pas cela pour le Christ ! Disons plutôt qu'il se trouve ( et c'est tout à fait logique...) qu'en m'approchant de l'autre, je rencontre le Christ... le divin … Mais, c'est une lecture que je fais après

 

La différence entre un 'athée' et moi, est dans la lecture, l'explication, le pourquoi d'un tel geste …

De plus, je sais, que l'essentiel du message évangélique est dans «  la communion » au frère... Idéal chrétien qui n'est pas l'apanage des chrétiens ; même si nous avons la facilité d'avoir une explication au « pourquoi » du souci de l'autre...

 

Que faire de la souffrance d'autrui ?

  • Il ne s'agit 'plus' ( cela ne fait plus recette ….) , par ' culpabilité ' de s'imposer le 'devoir de faire '... Nous préférons, mettre en place des dispositifs de remplacement, de ' solidarité ' : technicisés, institutionnels... Ils devraient d'ailleurs être beaucoup plus efficaces, et sont grandement légitimes... ( vive le Service Public ! ) tant que la société ne les critique pas !: Dans notre langage, l'assistance devient l’assistanat, ce qui augure mal de l'idée que nous en avons …. Ensuite qu'en est-il de la rencontre avec la personne : sa souffrance, sa détresse … ?

Je ne veux pas employer le mot «  Amour »... En faire une référence, une explication ; ne me satisfait pas du tout, compte tenue de notre utilisation française du mot... L'amour est un sentiment, il est comme l'amitié, le résultat d'une rencontre particulière. Le mot qui correspondrait le mieux, serait celui de « charité », comme image d'Agapé... Mais, la morale religieuse des siècles précédents l'a disqualifiée... ! Nous utilisons plus facilement, compassion, empathie …

 

Je terminerai par l'idée que si, chrétiens, nous osons dire que : la femme ou l'homme qui vit dans le don de sa personne l'aide du prochain souffrant, vit véritablement au plus profond de lui la rencontre avec le Christ – sans le savoir - … Alors... c'est que le Christ est suffisamment ouvert pour intégrer dans son message ( dans sa révélation … ! ) l'expression agnostique, mais aussi celle des autres religions ( bouddhistes, musulmans ...etc ). C'est un pas fondamental, dans la compréhension du pluralisme religieux ; non pas en désirant intégrer l'autre, mais en reconnaissant que l'expression de son but de l'existence, - expression légitime … et hautement respectable … - pourrait être intégrée avec sa différence dans un catholicisme, alors oui : véritablement «  universel »...

Enfin … ! Le christianisme n'en est qu'à ses balbutiements … !