La loi de Godwin de Monsieur Dray

Publié le 10 mars 2013 par Despasperdus

Julien Dray, ancien député socialiste qui défraie régulièrement la chronique, a commis une interview sur Radio J. Un modèle du genre.

Ce dernier s'en prend à Jean-Luc Mélenchon et au Front de gauche :

« Le problème de Jean-Luc Mélenchon, c'est qu'il table, lui, sur la défaite (...) en général, quand il y a défaite et chaos, ça ne profite pas à la gauche (...), ça profite à d'autres extrêmes, l'histoire l'a montré. »

Et l'ex député socialiste poursuit sa démonstration :

« La méthode du Front de gauche est celle qui prévalait dans les années 1920-30 (...) Et ça a conduit en Allemagne en 1933 à faire que la gauche, alors qu'elle était majoritaire, a laissé Hitler devenir chancelier. »

Et de conclure :

« Je pense que ça ne sert à rien de dire: ceux-là sont des traîtres, ceux-là sont des pourris ou ceux-là ont trahi le mandat, je pense qu'il faut en permanence les mettre devant leurs responsabilités et leur proposer de marcher ensemble face à ces responsabilités. »

Accuser le Front de gauche de miser sur la défaite de François Hollande et le chaos relève du procès d'intention.

L'ancien député de l'Essonne oublie que le Front de gauche a mis tout son poids dans la victoire de l'actuel locataire de l'Elysée, soit 4 millions de voix indispensables pour battre Sarkozy.

Depuis sa création, le Front de gauche s'est toujours opposé aux politiques austéritaires qui n'apportent que l'injustice sociale et la régression sociale, et ne préservent que les intérêts de l'oligarchie. Dans sa critique de l'austérité, le Front de gauche s'appuie sur l'histoire du continent sud-américain ravagé par le néolibéralisme, et sur le terrible présent des grecs, des espagnols, des portugais, des irlandais qui subissent une régression sociale sans précédent.

Aussi, le Front de gauche n'a jamais caché qu'il serait un allié indépendant du pouvoir PS - EELV.

Depuis la nouvelle législature, les parlementaires du Front de gauche ont soutenu les projets de lois qui allaient dans le sens de la justice comme le mariage pour tous mais ils se sont opposés aux projets austéritaires. Cette démarche était connue à l'avance, alors pourquoi s'en étonne-t-il et la critique-t-il maintenant ?

Faudrait-il que le Front de gauche trahisse ses militants, ses sympathisants et ses électeurs en soutenant l'actuelle politique austéritaire au motif que l'étiquette politique de nos gouvernants a changé depuis mai-juin 2012 ?

Aurait-il été responsable que le Front de gauche vote le budget de la sécurité sociale pour 2013 qui est plus austéritaire que le précédent et qui valide l'ensemble des mesures prises par la droite ? Le faudrait-il uniquement au nom de l'union de la gauche tout simplement parce que ledit budget est défendu par une ministre encartée au PS ?

Quand de hauts responsables socialistes n'écoutent pas les arguments du Front de gauche et présentent des textes de lois qui aggraveront la récession sociale, que faut-il faire Monsieur Dray ? Voter l'austérité au nom de la gauche ? Voter l'injustice sociale aveuglément ? Voter l'ANI parce que Jean-Marc Ayrault l'ordonne ?

La conception de l'union de la gauche de Dray revient à exiger du Front de gauche qu'il adopte le comportement de l'aile gôche du PS qui ne font que critiquer et débattre sans fin avant d'obéir à leur direction. Ou celui d'EELV et du parti radical de gauche.

De plus, Julien Dray ne s'appuie rien pour dénoncer la position du Front de gauche. Aucun exemple concret n'étaye sa démonstration !



Il recourt même à la loi de Godwin pour dénigrer à défaut de convaincre avec des arguments valables et concrets.

En fait, Monsieur Dray attribue exclusivement au Front de gauche la responsabilité de la montée supposée du Front national ! Comme d'autres accusent la CGT du chômage et de la violence sociale...

Ainsi, la permanence d'un haut niveau de chômage, la banalisation de la précarité, la croissance de la pauvreté, la baisse du pouvoir d'achat et la montée des prix des biens de première nécessité qui sont les fruits de l'austérité et de la régression sociale mises en oeuvre par Sarkozy et aggravées par le président socialiste n'auraient donc aucune conséquence politique !



En d'autres termes, la politique du gouvernement PS-EELV n'aurait aucune incidence sur l'influence électorale du FN !

Étrange analyse...

Nous serions plutôt enclins à penser qu'une alternance politique qui se traduit par la continuité politique et l'austérité sans fin fait le lit de l’extrême droite, en validant hélas son slogan "ni gauche ni droite" !

Faudrait-il que le Front de gauche laisse la critique des politiques austéritaires au FN ?

En l'espèce, le Front de gauche est sur la même ligne politique que SYRIZA, seule force politique de gauche à même de battre l’extrême droite en Grèce. Vous imaginez si SYRIZA avait soutenu vos camarades du PASOK ? La voie serait libre pour Aube dorée, le parti néo-nazi. En France, le PS-EELV nous conduisent dans le mur FN et seul le Front de gauche peut éviter cette catastrophe !

Enfin, Monsieur Dray , certains individus creusent le sillon politique de l’extrême droite même s'ils prétendent la combattre.

Voyez-vous de qui il s'agit ?

Ce sont ces politiciens donneurs de leçons qui sévissent toujours bien qu'ils aient fait l'objet d'une condamnation de justice ou d'un rappel à la loi...