TRIBUNE - Un repas par jour

Publié le 13 mars 2013 par Podcastjournal @Podcast_Journal
PLAN DU SITE Abonnez-vous à nos flux par rubriques! Elle a la soixantaine passée. Défraîchi, le manteau autrefois chic dégage des fragrances de violette fanée. Faire ses courses à l'aide alimentaire reste une sortie. La dignité, c'est aussi refuser d'ajouter le négligé à l'usure, ne pas capituler sur l'idée d'une petite beauté. Elle blêmit, en fait son regard reste perdu.
"Oui, c'est gênant, très gênant", confirme Marie, qui, elle, s'est inscrite il y a trois mois "parce que la mère d'une voisine m'a dit que j'y avais droit". Elle était cuisinière, à 55 ans, elle est tombée en longue maladie.
Deux pontages et cinq années plus tard, sa retraite s'est retrouvée amputée d'autant. "Une fois tout payé me restent 270 € pour vivre et l'année a commencé avec une hausse de 6 € du loyer et de 4 € de la mutuelle". 10 €: pas rien pour elle qui recompte les quatre pièces de 10 cents pour arriver aux 3,40 € de son panier.

La première fois qu'elle a osé pousser la porte du Secours Populaire? "J'étais désemparée, mais on m'a prise par la main, sinon je serais repartie de honte. Et puis maintenant, je vois ici beaucoup de gens que je connaissais, de plus en plus de retraités, comme moi. Des gens que je suis étonnée de trouver là, et je me dis que je ne suis pas un cas isolé."
"Tout ce qui est humain est nôtre" rappelle une affiche du Secours Populaire. "Le plus difficile, c'était la fin du mois, surtout les 30 derniers jours."

"Les Chefs d’État demandent aux pauvres de sauter un repas sur deux" et dénoncent sous ce titre la réduction de l'aide européenne aux plus démunis, "2,5 milliards pour 28 États contre 3,5 milliards pour 20 États actuellement", annonçant qu'"à partir de 2014, en France, près de la moitié des 130 millions de repas pourraient ne plus être distribués".

Dans le hall, Pierre et Magalie attendent avec l'un de leurs deux enfants. Un repas sur deux, ils y sont déjà.
Informaticien de formation, Pierre travaillait dans un centre d'appel. Licencié en 2009, Au RSA, ils vivent à quatre avec 870 € par mois.
Ils sont venus demander un colis d'urgence.
"Le matin, c'est un café sans rien et jusqu'au 15 du mois, on mange aussi à midi. Après, on ne prend plus qu'un seul repas, le soir. Heureusement que le petit a la cantine. Son frère est en famille d'accueil, là il mange à sa faim. C'est de pire en pire", résume-t-il.

Les bénévoles, là tous les jours s'inquiètent. "Même nous, on s'épuise face à cette misère galopante." Pendant deux jours, vendredi et samedi, la collecte des restos du cœur s'est tenue à l'entrée de la plupart des moyennes et grandes surfaces.
Conserves de viande ou poisson, desserts, produits pour bébé et d'hygiène sont recherchés par les 63.000 bénévoles des Restos. Cette collecte permettra de servir 5 millions de repas de plus et de tenir tout l'été avant la prochaine campagne d'hiver.

Cette année, l'association de Coluche a accueilli près d'un million de personnes pour 115 millions de portions, les dons représentent 52% du budget des Restos.

Que sera demain,
Quel chemin,
Ou s’ouvriront nos mains?
Adieu les lendemains,
Personne, non personne,
Ne voit dans le mieux qui sonne,
Le mortel ennemi qui l’abandonne,
De misère qui le bâillonne
De guenilles, emprisonnées
Des immigrés, assassinés
On se cache le visage
Pour ne pas voir le message.
Nous préparons la misère de demain.

L’amour est écartelé,
Dans ce chemin défiguré
Assez d’absurdités
Arrêtons de rêver.
Préparons nous à demain
Pauvres êtres inhumains
Seigneurs suzerains,
Regardant notre monde avec dédain.
Préparons la misère pour aujourd’hui. La possible levée de l’embargo sur les armes en Somalie est prématurée, a déclaré Amnest...  (522.57 Ko) Un enfant joue avec la boue à coté de sa maison dans le quartier le plus pauvre à Tripoli au Liban...  (164.36 Ko)