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Le bruit que fait une seconde

Publié le 13 mars 2013 par Nicolas Esse @nicolasesse

Les étoiles qui s’éteignent,  tu ne pourras pas les rallumer.

Le temps qui passe, tu ne pourras pas le retenir dans ton poing fermé.
Tu crispes tes doigts à te fendre les os, mais il subsiste toujours un petit interstice, une fente infime, plus fine qu’une lame de rasoir, qui laisse passer la lumière et s’écouler les secondes, une à une, avec le bruit mouillé que fait une goutte d’eau tombée d’une stalactite dans le noir luisant d’un lac enterré.

Tu fermes les yeux et tu écoutes le bruit que fait une seconde quand elle s’écoule et son écho qui résonne longuement sous la voûte de ta boite crânienne. Tu fermes les yeux et la bouche et les poings. Tu bloques ta respiration. Tout s’arrête et se fige, le temps d’une seconde ou deux ou trois et soudain, ce choc mou contre ta cage thoracique. Ce choc doux et obstiné de la vie en sourdine qui continue à s’éteindre sur un rythme binaire. Systole. Diastole.

Un deux. Un deux.

Un son grave et étouffé, le son produit par la batte de feutre quand elle frappe la peau de la grosse caisse. Un deux. Deux frappes sourdes pour te dire que la vie est là. Un silence pour te dire que la vie s’en va.

One two. One two.

Derrière les fenêtres closes, les voitures qui passent font un bruit mouillé ou un bruit mat, un bruit étouffé par les flocons de neige, un bruit de vent, les après-midi d’été. Systole. Diastole. Tu fermes les yeux et tu écoutes la rumeur des automobiles, le frottement du métal lisse qui se glisse dans les plis de l’air glacé. Il neige. Bientôt, il fera beau. Bientôt l’été sera là, et un autre hiver, et un autre été.

Toi, tu écoutes tous les battements de ton cœur qui s’en va.



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