"Oui mais toi, t'es pas une (vraie) fille d't'façons !"

Publié le 08 mars 2013 par Blabla
Aujourd'hui chez les terriens ... une geekette surfe sur la vague féminine du jour.
NON, NE FUYEZ PAS ! Je ne vais pas faire de cet article une polémique politico-éthique sur cette Journée Internationale des Droits des Femmes (oui, des droits, pas juste de la femme, s'pas tout à fait pareil), ni me lancer dans une diatribe faisant l'éloge de la féminité (cékoiça ?). Mais parce que je m'en voudrais toute ma vie (si si ^^) si je ne publie pas un truc aujourd'hui, me voilà donc avec un sujet sur la non-féminité. Vous allez comprendre ...

Parce que c'est plus fun de jouer avec une épée qu'avec des poupées !


Comme je disais donc, je vais vous parler de la non-féminité, en me prenant comme exemple (même si je n'en suis pas un, mais j'ai que ça sous la main ...). Du coup cet article pourra peut être passer pour du "vous voyez les mecs, les filles aussi savent faire" mais ce n'est pas mon but premier. Perso, j'm'en fous pas mal de savoir si une nana est aussi capable qu'un homme pour telle ou telle chose et inversement. Déjà parce que dans les faits, on est tous différents. Et ce qu'une femme sait faire, une autre ne saura pas, et ça marche aussi pour les hommes. Par exemple, je sais changer une roue. Mais en pratique, en général je n'y arrive pas toute seule, parce cette fiutu roue est vissée trop serrée et que j'ai du fromage blanc dans les bras dans ce genre de moments ... Dans le même genre, comme beaucoup de nanas, je sais comment on pose du vernis à ongle. Mais en pratique, je m'en fous partout et je nettoie ensuite ... Comme quoi ^^.
Bref ... 
Donc, cet article est dédié à toutes les nanas qui un jour ont entendu leurs potes dire, en guise de compliment (cherchez pas, cette phrase est toujours un compliment si elle est prononcée par un mec avec qui on est amie) : "Oui mais toi, t'es pas une (vraie) fille d't'façons !". 
J'ai commencé à entendre ces mots à la fin de mon adolescence - après que mon côté geekette garçon-manqué ait botté les fesses de la gamine naïve, bonne poire et larmoyante qui avait pris possession de mon corps - alors que je me rendais compte que les mecs étaient plus intéressants que les nanas en ce qui concernait l'amitié. Ouais, alors que j'étais très loin d'être populaire au lycée, je devais être une des filles qui avaient le plus de numéros de garçons sur son téléphone ... La classe quoi (ou pas d'ailleurs). Seulement, moi, je n'étais pas la fille avec qui on sort. J'étais la fille avec qui on rigole, avec qui on traîne, avec qui on boit, avec qui on matte des films à la con, avec qui on fume des pétards jusqu'à rire de tout et n'importe quoi, bref, la pote quoi. La fille qui n'en est pas vraiment une. 
Résultat, au bout d'un an, je me comportais comme un mec. Un vrai, mais avec un vagin et des seins.
Je me tenais assise comme un mec (oui, les cuisses ouvertes, mais sans aucune vulgarité ni connotation sexuelle, comme un mec quoi), je jurais comme un mec (et je le fais toujours, j'arrive pas à me débarrasser de mes "putains" ...), je buvais comme un mec (comme un trou), je fumais comme un mec (comme un pompier, mais jamais de clope), et je sortais avec des filles ... comme un mec ... Ba oui, les mecs me voyaient que comme une pote, fallait bien que je ratisse ailleurs ... Du coup, j'me dis que finalement, le mythe de la lesbienne garçon-manqué est pas si loin de la réalité ... mais c'est pas là le sujet.
De fait, je faisait aussi des "trucs de mecs". Et ça m'amène à mon sujet. Paraît-il, les filles font des "trucs de filles" et les mecs font des "trucs de mecs", même que ce serait ça qui nous définirait. De fait, quand mes potes disaient que je n'étais pas une (vraie) fille, sans doute n'avaient-ils pas tord ... Voyons un peu ça :
  • J'ai fait du foot, en club, dans une équipe de mecs jusqu'à mes 13 ans puis dans une équipe de nanas, pendant en tout sept ans. Et j'adorais ça. Et je me débrouillais pas mal même.
  • J'adore regarder des matchs de rugby, et même que je commence à bien comprendre les règles maintenant. 
  • J'adore ma voiture, je la bichonne, je fais les niveaux moi-même. Même que quand je prenais des cours de conduite, j'étais la seule nana qui savait comment était fait un moteur (et comment ça fonctionnait) avant d'être inscrite. Même que j'ai pu fermer son clapet au moniteur macho qui pensait me foutre la honte en me demandant de lui montrer les niveaux devant trois mecs qui avaient cours en même temps que moi. Et je conduis comme un mec aussi. Enfin comme certains. A la sportive, une main sur le sommet du volant (avec parfois le coude sur le rebord, façon Jacky Beauf, si si, ça m'arrive), l'autre constamment sur le levier de vitesse. Et musique à fond (façon vieux rock de Bikers).
  • J'ai toujours adoré les cours de techno/info. Même que j'étais la seule nana de la classe qui s'en sortais toute seule. Qui aidait les autres aussi parfois. A la fac aussi d'ailleurs. Même qu'en techno, ça me faisait pas peur de manier le fer à souder ou la foreuse. 
  • J'avais une poupée Barbie quand j'étais petite, comme toutes les petites filles. Mais la mienne était agent secret, elle vivait seule dans son super loft, roulait en patin-roulette décapotable, se tapait Ken que quand elle l'avait décidé (il vivait pas avec elle d'ailleurs), et elle travaillait régulièrement avec son partenaire, le Big Jim de mon cousin (comme quoi, les mecs aussi peuvent jouer à la poupée, merci Big Jim et Action Man ^^). Même qu'une fois, j'ai demandé la machine à laver de Barbie à Noël, et pas des trucs de princesse. 
  • Avec mes cousins, je jouais aussi beaucoup aux Majorettes (les voitures hein). Même qu'une fois, dans la cour de récré, un de mes camarades m'en a volé une. J'étais vraiment triste et en colère. J'aurais préféré qu'il me vole une poupée plutôt que ma Majorette préférée. 
  • J'aime pas les films "de filles". Comprenez : les comédies romantiques. Bon, ok, j'ai a-do-ré 27 Robes. Et j'adore Sex and the City aussi. Mais c'est pas pour le côté girly. Juste parce que c'est marrant de voir ces femmes que je ne serais jamais. Ce qui est sûr, c'est que je n'irais JAMAIS au ciné pour voir une comédie romantique. JAMAIS. C'est bien pour ça que j'ai détesté les épisodes 2 et 3 de Star Wars ... Trop de cul-cul gnan-gnan ... Faut pas. 
  • J'adore les films d'action (les bons hein, pas les navets avec Steven Seagal et consort). De la baston, de l'hémoglobine, des mecs musclés en sueur ... ahem pardon ... Bref, de la testostérone en veux-tu-en-voilà, j'adore. Ouais, j'ai kiffé ma race devant chaque film avec des Bruce Willis et Christian Bale bien virils. Si j'étais célibataire, le meilleur moyen de m'avoir dans la poche, c'est de me payer une place pour ce genre de film (ou de la SF ou HF, ça marche encore mieux). Bon, ça marche pas toujours hein, y'en a un qui s'est fait recaler sur Basic (fallait pas tenter de me tripoter dans le noir aussi, j'voulais profiter du film). 
  • Dans le même genre, j'adore les films d'horreur. J'ai bien ris sur L'exorciste. J'avoue avoir un peu flippé avec Shining et 13 fantômes (le fantôme/zombie de fille dans la salle de bain, j'sais pas pourquoi mais c'est toujours efficace sur moi ça). Impossible de m'emballer sur un film d'horreur : j'suis pas le genre de fille qui frissonne et se blottit contre monsieur, moi je suis plutôt du genre à presque hurler "mais ouvre pas cette porte connasse, le tueur est juste derrière !" et à faire des pari sur qui se fera tuer en premier (le noir, toujours, ou la blonde si y a pas de noir, le meilleur ami du héros étant souvent dans les derniers).
  • Quand on faisait des sorties à Lathus (une ferme de loisir de ma région) avec l'école, on devait choisir deux activités, parmi un bon panel. Tandis que TOUTES les filles choisissaient l'équitation, je préférait de loin la spéléologie. Ouais, ramper dans la boue dans des conduits étroits, même pas peur. Le dada, c'était pour les gonzesses !
  • Un des premiers jeu que j'ai maîtrisé sur le pc était Mortal Kombat. Même que mon personnage préféré c'était Shiva (vous savez, la grosse moche bodybuildée avec quatre bras) parce que son coup spécial était trop sympa (à savoir : jeter à terre l'adversaire et lui sauter dessus à pieds joints). Même que j'en avais bousillé une touche du clavier à force de spammer ce coup ... Les autres jeux, c'étaient les Lemmings (ceux qui y ont joué comprendront le potentiel addictif de ce truc ...) et Blues Brothers (le jeu qui na pas de fin ... >_< ). T'façons, le seul jeu auquel je joue qui pourrait éventuellement être qualifié de "jeu de fille", c'est les Sims 3. Mais c'est pas un jeu de fille, donc vala ... Par contre, quand c'est possible, je jouerais toujours une fille dans les jeux. Mais c'est parce que, faut bien l'avouer, les filles sont souvent mieux faites que les mecs (suffit de regarder WoW ... ). Et dans les jeux où on peut choisir entre le bien ou le mal (Black and White, Fable ...), j'ai tendance à choisir le mal ... Ouais, parce que chez le côté obscur, ils ont des cookies !
  • Une fois, dans la cour de récré en primaire  je suis tombée à m'en écorcher le genou. Mon beau collant blanc en laine, tout neuf, était troué (pour ne pas dire "éventré) et tout rouge de sang. Je pleurais comme une madeleine. Mais pas parce que j'avais mal (parce qu’en fait j'avais pas vraiment mal). Juste parce que je pensais que ma mère allait m'engueuler parce que j'avais troué un de mes vêtements. J'ai fait la même au collège, lors d'un match de foot inter-classes : je suis tombée en taclant un camarade (chose que j'étais la seule fille à faire, le tacle), et je me suis bien abîmé le genou. Le prof voulait me sortir, pas moi. Les mecs étaient admiratifs, les filles à moitié écoeurées de voir mon genoux en sang (y'avait un petit filet rouge qui coulait le long de ma jambe, j'ai trop kiffé ^^). Un bobo, du sang ? Pfff, pas grave, tant que je marche, tout baigne !
  • Je prend mes jeans dans les rayons hommes. Pour plusieurs raisons, la principale étant que je ne rentre pas toujours dans les jeans de filles soi-disant à ma taille. Parce que j'ai de grosses cuisses (merci le foot) et que je suis cambrée et avec une petite brioche. Mais aussi parce que je préfère la forme des jeans des mecs : amples, avec de grandes poches, et pas coupé serré sous le genou. Et puis là, quand je prend un M ou un L, c'est du vrai M ou L à ma taille ! Dans le même genre, j'adore les sweat de mecs. J'en ai plusieurs, pris au rayon hommes aussi. Parce que ya de la place dedans, parce qu'ils sont pas près du corps (et donc pas serrés), et parce que je préfère aussi leur coupe. Parce que les sweats de filles, ça moule et ça boudine ma brioche, aussi. 
  • Je connais plus de mots du jargon geek/gamer, ou sur la mécanique, le GN, l'airsoft/paintball, les sports ... que sur le jargon mode/beauté (je n'ai appris que récemment ce qu'était un swatch ou un quad en maquillage). 
  • En GN/JDR, je ne joue jamais de "princesse" ... ou alors trèèèèès rarement, genre en GN quand c'est du PNJ avec un BG qui m'attire quand même, genre la putasse qui trahie tout le monde pour s'accaparer le plus de richesse, ou une fois sur jdr papier amateur, une pleureuse blonde habillée en blanc et chevauchant une licorne ... qui a failli causer un suicide collectif de masse parce que les gens l'emmerdaient avec leurs problèmes persos ... Oui, de la putasse, toujours. En JDR, qu'on se le dise, je maîtrise de Chaotique Neutre (voire Mauvais, mouhahaha), et j'excelle dans l'art putassier du coup dans le dos et de la trahison à la "WTF ! La salooooope, j'avais pas vu le coup venir !" qu'on s'en rend compte à la partie d'après quand mon perso est déjà loin ... Le vrai gentil, c'est trop chiant, trop contraignant ^^.
  • En camping, je monte (et démonte) ma tente toute seule. Bon ok, c'est facile avec les Quechua (quoique la 4 places, quand on est petite, c'est chaud à replier, quand même). Mais j'ai aussi une vieille canadienne (plus vieille que moi, elle était à mon père) qui nécessite trois tours de sardines et un peu d'huile de coude pour la monter. J'te le fait en 8 minutes chrono en main. Et 10 pour le démontage (pliage et rangeage compris). Même pas peur de me casser un ongle ni de mettre les mains dans la terre. 
  • Quand j'étais petite, j'allais pêcher avec mon papy. Je mettais moi-même les asticots sur mon hameçon. Je prenais moi-même le poisson pour le mettre dans l'épuisette (enfin pas toujours, parfois c'était pas facile, l'hameçon étant coincé, et papy m'aidait). Même que j'en ai vidé certains (mais j'avoue, j'aime pas trop ça, c'est l'odeur du poisson, ça me vrille les sinus en fait ...). 
  • Gamine, j'adorais attraper des bestioles et jouer avec, comme beaucoup de petits garçons (oui, je sais, je suis une fille). Grenouilles, crapauds, lombrics ... tout y passait. On les mettait dans des fusées à eau, c'était marrant (oui, c'était aussi de la cruauté, mais rares sont les gamins ayant connu les joies de la vie à la campagne qui n'ont pas fait ça au moins une fois). D'ailleurs je peux confirmer : quand on coupe un ver de terre en deux, il vit toujours, et très bien ... 
  • Un de mes jeux favoris quand j'étais enfant ? Me salir, peu importait comment. Sauter dans les flaques d'eau croupie, me rouler dans la boue, creuser dans le tas de sable humide chez ma nourrice (juste avant que maman vienne me chercher, évidemment) ... C'était drôle. 
  • Je rêve d'avoir une Harley. Et de me prendre pour un biker, les poils en moins. 

Quand on y regarde de près, j'avais et j'ai encore (bien que je comporte de plus en plus comme une vraie fille) un comportement de garçon. Car c'est ce que j'étais, jusqu'à il y a encore peu de temps : un vrai garçon-manqué. Du coup, mes amis avaient raison : je ne suis pas une vraie fille ... Et ça me plaît bien, en fait !
C'est ainsi que je clos cet ode à la non-féminité assumée. En ce jour où nous autres, êtres humains dotés d'organes génitaux féminins, sommes fêtées, je tenais à dire à toutes les femmes qui auraient des doutes sur leur féminité, à celle qui sont jugées trop garçonnes pour être féminines : vous êtes ce que vous êtes, et votre féminité est ce que vous en faites. Car la féminité n'est pas qu'une enveloppe extérieure, c'est aussi et surtout le simple (mais important) sentiment de se sentir femme. Et chaque femme a sa propre conception de ce sentiment. 
Dans un série que j'adore énormément (Sons Of Anarchy), une des femmes importantes (Gemma, la "matriarche") a dit "Une femme ne veut pas être aimée, ça c'est pour les hommes. Une femme veut être désirée". Cela résume assez le fond de ma pensée : notre féminité nous est révélée par le regard de ceux qui nous désirent. Que l'on soit "féminine" ou "garçonne", l'important c'est que la personne qu'on aime nous désire, le reste n'est que superflu (cela dit, je suis d'avis que parfois, une petite dragouille que l'on repoussera gentiment (ou pas), ça fait du bien au moral ^^).
Sur ce, bonne journée d'la meuf ! ;p