Voyez-vous, mes chers et fidèles amis lecteurs, j’ai encore vu une scène du quotidien parisien qui m’a franchement étonné. Voire m’a donné envie de me rebeller. Et comme je ne peux pas – ou plus – le faire dans la rue, souffrez que je me l’autorise sur ce blog qui est tout de même, suis je donc fou de le rappeler, le mien.
À la station Marcadet PoisSonniers, alors que j’empruntais la sortie, j’avise quatre policiers en uniforme contrôlant un bougre. Il a pas l’air bien loti, le bougre en question. Maigre, fatigué mais aussi – et surtout, serais-je tenté de dire – noir. Une vraie bonne gueule de vagabond. Tout qui justifie un contrôle d’identité. Quatre mecs paradant dans leurs uniformes, l’arme en évidence et la mine sévère : tout ça pour un pauvre type noir et fatigué. Pour se la péter, ils savent faire. Comme pour effrayer une gamine qui vient de frauder au guichet des Halles. Vous vous souvenez ? Je vous en ai parlé, il me semble.
C’est injuste. C’est ridicule. C’est oppressant. Les vrais problèmes ne sont pas dans les guichets du métro.
Ou alors, que nos instances dirigeantes nous le justifient. Et pas par le biais d’émissions qui se targuent d’être des reportages, accusant les jeunes d’être des drogués et des violeurs, justifiant ainsi un renforcement policier.
Ces mêmes policiers qui arrêtent une gamine en tenue de super Robocop, Ou un pauvre black. C’est curieux, ils ne sont pas vraiment là où il y a la violence, le crime et le reste.
Ça m’énerve.
Encore plus depuis que la gauche est au pouvoir. C’est d’ailleurs amusant, celle-ci parle toujours des libertés fondamentales. Sauf quand elle est au pouvoir. Devant les émirs du Qatar et leurs milliards de milliards, notre bon président n’a pas trop insisté sur ce sujet. Mais je m’éloigne, je divague, je transgresse.
Les flics, c’est comme les champignons, ça pousse toujours où il ne faut pas.
J’en parlais avec mon ami Farid, qui tient un bar très chic bobo dans le 18ème. Il m’écoute et me répond :
« - Ah, je vais te raconter ce qui m’est arrivé dimanche… »
Alors, comme je vous sais curieux, je vous raconte a mon tour.
Tous les dimanches, Farid et Delphine servent le brunch dans leur joli petit café de la rue Simart. L’ambiance est familiale et enfantine. Les piliers de comptoir ont posé leurs congés payés. C’est pas le moment de perturber ce moment carte postale. Pourtant, un type passablement éméché amorce son profil dans l’établissement. Il demande à boire. Farid, conscient qu’il y a une loi qui interdit de servir les pochetrons du plus gros calibre et ne voulant pas troubler l’ambiance de catéchisme, demande poliment au bonhomme de partir. Ce dernier sourit, comprend et s’en va. Comprend ? Pas sûr. Il ne passe pas trente secondes avant que l’ivrogne n’ouvre à nouveau la porte.
Ah. Il faut user de davantage de diplomatie. Bon, mon copain soupire, s’arme de patience. Il explique gentiment. Le bonhomme grogne. Il veut boire un coup. Farid reste ferme. Ah bon ? Il peut pas boire un coup mais il peut aller aux toilettes ? Farid autorise la chose et voilà le bonhomme parti dans le Waterland.
Il revient cinq minutes après, s’installe au comptoir et commande a nouveau un godet. Sauf que ce brave garçon a oublié de fermer le pantalon. Conséquence : le matériel viril et noble pend lamentablement. Vous me suivez ? Il a le zizi a l’air, quoi. Il faut vraiment toujours tout vous expliquer ?
Farid décide que la comédie est finie. Mais il ne veut plus parler au garçon. Ce dernier ne comprend plus rien, l’alcool le rend sourd. De plus, il vaut mieux éviter que la situation se gâte. Et pire, se retourner contre Farid. Voila pourquoi celui-ci décide d’aller voir les policiers dont le commissariat est situé à dix mètres au dessus du café. Retenez bien le dix mètres.
Deux secondes, je pose ma plume. J’ai mal aux doigts.
Donc, les policiers écoutent attentivement mon camarade. Et répondent par une question plutôt singulière :
- »Est-ce qu’on prend le camion ? »
Farid leur répète que le bar est à cinq mètres. Les flics se montrent apaisants.
- »Vous inquiétez pas, m’sieur, on arrive. »
Quand Farid me raconte l’histoire le LENDEMAIN, il conclut par : - »Je les attends encore. »
Le lendemain, dix mètres.
Coluche disait : - »Plutôt que de garder la paix, ils feraient mieux de nous la foutre. »
C’était il y a trente ans. Rien ne changera donc ?
I love you. All of you. And Lulu.
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