Un jour quelqu'un m'a dit, l'hiver prochain je serai mort...
Publié le 18 mars 2013 par M.
Un jour quelqu'un m'a dit, l'hiver prochain je serai mort et je ne l'ai pas cru, je ne savais pas encore qu'il existe des froids que rien ne calme et à quel point le chagrin sublime l'égoïsme, qu'on s'accroche à des branches mortes et que ça ne tient pas, que la chute est interminable, qu'on pense chroniquement à se foutre en l'air, qu'on perd le sens des mots, le sens de tout, et qu'à force de bouffer la terre on s'accorde le droit de se changer en monstre. Je ne savais pas non plus qu'un soir on recommence à rire, et qu'on apprend à vivre avec comme un simple caillou coincé dans la poitrine. Un jour quelqu'un m'a dit, l'amour c'est comme un jeu d'échecs où tu ne peux pas toucher les pièces, avec mes mains fragiles je n'ai jamais retenu personne, avec ma tête farouche je n'ai pas toujours su les attraper, mais de temps en temps je les ai serrés dans mes bras et ça suffira, ça doit suffire, je ne peux pas toucher les gens je suis partie trop loin, j'habite un pantin de plastique et je ne peux pas l'offrir, il est trop tard pour l'amour et trop tôt pour le reste, J'ai cent ans et mon corps est un parchemin sur lequel on ne peut pas poser les mains sans l'abimer. Je ne sais pas si comme ça on peut rester humain mais ça ne fait rien, écoute moi, je suis déjà sauvée de toute façon. Je ne suis pas une pute, je rends sagement cet endroit qui ne m'appartenait pas puisque je préfère voir les gens sourire, dans mon cube aux fenêtres rouges, sous ma peau d'intouchable, les soldats un à un finiront eux aussi par s'endormir.