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Jennie est seule. Elle a deux grosses valises avec elle. ...

Publié le 18 mars 2013 par Ctrltab

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Jennie est seule. Elle a deux grosses valises avec elle. Elle introduit la clef dans la serrure du nouvel appartement et entre. Elle découvre le lieu. C’est un appartement sans âme, standard, qui ne porte la trace d’aucune tentative de personnalisation. Lieu sans âme, encore plus froid qu’une chambre d’hôtel. L’appartement n’est qu’au deuxième étage. Dans la cuisine, Jennie allume la lumière et découvre son vis-à-vis en face. Elle contemple. Un homme apparaît à la fenêtre. Les fenêtres donnent sur un plan taille des deux côtés (on ne voit que la taille des personnes). Surprise, Jennie éteint la lumière sans savoir s’il a pu la voir ou non.

Le lendemain

Jennie monte dans un taxi pour se diriger vers le tournage de son émission.

 Sur le plateau TV

 Un chauffeur de salle chauffe le public (?!). A chacune de ses interpellations, tournée d’applaudissements. Techniciens et autres membres s’agitent dans tous les sens sur le plateau.

CHAUFFEUR DE SALLE

Et que tous ceux qui viennent du Nord Pas de Calais applaudissent !

Huée d’applaudissements.

Oh, la, la, pas très en forme, les chtis, allez on reprend ça !

Huée d’applaudissements plus forte.

Ah ben voilà, c’est bien mieux.

J’ai entendu qu’il y en avait qui venaient de Plaisir. Allez, faites-nous ce ptit plaisir. Applaudissez à votre tour. Et a tout rompre !

Huée d’applaudissements.

Waouh, ils sont chauds à Plaisir. Ce n’est pas qu’un vain mot là-bas.

Bon, le car de Martiniquais, là, il va falloir envoyer la sauce. Alors, à la une, à la deux, à la trois.

Huée d’applaudissement.

Jennie s’agite et danse sur une reprise des Beatles avec trois autres de ses confrères semi-stars. Ils sont tous très mauvais et à contretemps. Mais nul ne semble s’en apercevoir ou s’en soucier. Sur scène, les quatre interprètes semblent très contents d’eux. Jennie, elle, joue parfaitement son rôle, minaude et en fait des tonnes. Le public, entraîné à applaudir, est debout. A la fin de leur piteuse prestation, il les applaudit à tout rompre.

 Un jeune homme (TALENT 1) chante. Il est gauche mais sait étonnamment passer du grave au registre plus aigu. Au fur et à mesure de la chanson d’ABBA qu’il interprète, il devient de plus en plus aise dans son corps, sur scène, commence à onduler et prend confiance en lui.

TALENT 1 (en chantant)

Tried to sneak out without saying
With my loudest record playing
Ooh, my mama said, « Look at this, you haven’t done your bed »
My mama said, « That’s a thing that you should do instead »

Yeah, I did what she had told me
Dying for my friend to hold me
Ooh, my mama said, « Try and get one thing into your head »
My mama said, « Pa and me, we give you room and bed »
How I wanna live my life
Wanna live my life
La-la-la, la-la-la, life

In the morning she said « Listen »
Ooh, I felt like in a prison
Yeah, my mama said, « I know you’ve been out again with Fred »
(My mama said)
My mama said, « Don’t you lie, your cheeks are blushing red »
(My mama said)
Oh I wanna live my life
Wanna live my life
La-la-la, la-la-la, life

I said, « I can live without him.
How I wish you wouldn’t doubt him. »
Oh oh, my mama said, « If you want to hurt me go ahead »
(My mama said)
My mama said, « I suppose you’d rather see me dead »
(My mama said)
Oh I wanna live my life
Wanna live my life
La-la-la, la-la-la, life

Silence gêné de trois secondes. Et puis applaudissements. Noir.


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