[Rattrapage] Anna Karénine - Joe Wright

Publié le 12 mars 2013 par Anaïs


Russie, 1874, la belle et ardente Anna Karénine jouit de tout ce à quoi ses contemporains aspirent : mariée à Karénine, un haut fonctionnaire du gouvernement à qui elle a donné un fils, elle a atteint un éminent statut social à Saint-Pétersbourg. À la réception d’une lettre de son incorrigible séducteur de frère Oblonski, la suppliant de venir l’aider à sauver son mariage avec Dolly, elle se rend à Moscou. Au cours de son voyage, elle rencontre la comtesse Vronski que son fils, un charmant officier de la cavalerie, vient accueillir à la gare. Quelques brefs échanges suffisent pour éveiller en Anna et Vronski une attirance mutuelle. Oblonski reçoit également la visite de son meilleur ami Levine, un propriétaire terrien sensible et idéaliste. Épris de la sœur cadette de Dolly, Kitty, il la demande gauchement en mariage, mais Kitty n’a d’yeux que pour Vronski. 
Une relecture étonnante mais malheureusement quelque peu étriquée du chef-d'oeuvre de Tolstoï. Sans doute mû par la volonté de renouveler cette œuvre déjà maintes fois adaptée, Joe Wright livre une mise en scène à la fois suggestive et inventive qui finit malheureusement à terme par nuire au récit : avoir choisi de situer l'intrigue dans un décor unique  celui du théâtre  où  presque toutes les scènes se succèdent tend en effet à dénaturer la vraisemblance de l'atmosphèreEn soi, le parti pris du réalisateur est pourtant intéressant  révéler le tragique latent –, à ceci près que celui-ci rend l'ambiance artificielle voire clinquante et se fait donc au détriment de l'œuvre originale. 
La photographie, qui se distingue par son caractère chorégraphique, est elle en revanche on ne peut plus réussie. La scène de danse entre Anna et Vronski en est notamment un sublime exemple. La mise en scène fonctionne comme un chant en canon : les couples figés reprennent la valse progressivement, à mesure qu'Anna et Vronski tournoient. Les couleurs et le jeu des lumières sont également extrêmement recherchés  lui en blanc, elle, tout de noir vêtue et semblent les accoupler. Quant à la musique, qui s'accélère ici jusqu'à l'étouffement à mesure que Kitty réalise qu'il en aime une autre, elle est également aboutie et retranscrit pleinement, tout au long du film, l'exaltation comme l’essoufflement de la passion amoureuse.
Si Alicia Vikander (Kitty) s'avère impeccable dans le rôle de la jeune éconduite et Jude Law (Karénine), surprenant, car d'une gravité inhabituelle, dans celui du mari trompé, en revanche,Keira Knightley (Anna) et Aaron Taylor-Johnson (Vronski) sabotent tous deux le film par leurs minauderies aussi incessantes que détestables. Le faste des décors, des costumes et la créativité de la photographie ne suffisent donc malheureusement pas à compenser la pauvreté narrative (dialogues romanesques stériles) et charismatique (les deux acteurs principaux sont affreusement mauvais) du film. Impossible en outre de savoir s'il s'agit une pièce de théâtre, d'une comédie musicale, d'un grand classique ou d'un peu des trois...
En deux mots : théâtral et guindé.Le petit plus : Raphaël Personnaz, à l'affiche de La stratégie de la poussette en début d'année, signeson premier tournage en anglais dans Anna Karénine. Il y interprète le frère du comte Vronski. À noter également, quelques brèves (mais toujours aussi réjouissantes !) apparitions de Michelle Dockery akaLady Mary dans Downton Abbey.N'hésitez pas si :
  • vous aimez les mises en scène grandiloquentes ;
  • vous accordez une grande importance aux costumes (Anna Karénine n'a pas remporté l'Oscar pour rien) ;
  • vous adorez les dialogues à l'eau de rose ; 
Fuyez si :
  • vous avez grandement apprécié le Orgueil et Préjugés de Joe Wright et vous attendez tout autant, sinon plus, d'Anna Karénine ;
  • vous trouvez que Keira Knightley joue extrêmement mal (c'est peu dire ici, ses simagrées ruinent le film !) ;