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[À vous de voir] Au bout du conte, 20 ans d'écart ou Elefante Blanco ?

Publié le 07 mars 2013 par Anaïs

Sortez tous vos lampes frontales ! Non pas que je vous emmène faire de la spéléologie au gouffre de Padirac (vous aimeriez bien hein ? Non ? Bon, d'accord)  mais j'ai décidé d'explorer les tréfonds de la foi avec deux films français (Au bout du conte, 20 ans d'écart) et un film argentino-hispano-français (Elefante Blanco). 

Une fois n'est pas coutume, j'ai choisi trois registres différents comédie, comédie romantique et drame – pour décrypter cette vaste notionDans ces trois films, Agnès Jaoui, David Moreau et Pablo Trapero interrogent en effet – etrespectivement la foi en les contes de fées, en l'amour et en Dieu. 

Alors, alors ? Laquelle des trois aura su me convertir ? Les pronostics sont ouverts ! 



[À vous de voir] Au bout du conte, 20 ans d'écart ou Elefante Blanco ?
[À vous de voir] Au bout du conte, 20 ans d'écart ou Elefante Blanco ?


Au bout du conte (Agnès Jaoui)
Une comédie pour le moins étrange (pléonasme, je sais, quand il y va de Jaoui et de Bacri) qui revisite avec fantaisie – ou parfois simplement effleure les plus célèbres contes de fées. Le spectateur est notamment confronté à la bonne fée, qui est ici une farouche opposante à la fidélité, à l'ogre misanthrope qui est lui terrifié par un présage ridicule mais aussi au grand méchant loup, ici séducteur invétéré qui tourmente mille et un cœurs. Au bout du conte ne se contente donc pas de moderniser ces célèbres figures, il les démystifie complètement, ce pour notre plus grand plaisir. Quel bonheur en effet de voir un homme incarner Cendrillon ou encore une princesse être tirée de sa torpeur non pas, comme à l'accoutumée, par un tendre baiser mais par une monumentale gifle ! Agnès Jaoui livre donc ici une réflexion singulière sur la désillusion (réalité ?), portée par d'excellents acteurs, qui souffre toutefois de transitions incohérentes voire inexistantes. Au final, un film choral quelque peu décousu sur les dessous de Walt Disney (l'adultère de la princesse, le bégaiement du prince charmant etc)En deux mots : extravagant et désordonné.Le petit plus : Dans le film, Jean-Pierre Bacri joue un rationaliste angoissé par l'arrivée imminente de sa mort qui lui a été prédite par une voyante. Et figurez-vous que cette anecdote est tirée d'une histoire vraie. Jean-Pierre Bacri a d'ailleurs gardé en mémoire ladite date !N'hésitez pas si :
  • vous appréciez tout particulièrement l'humour incongru ;
  • vous aimez la série Once Upon A Time (même si les univers sont radicalement différents, Agnès Jaoui revisite également les contes de fées ici) ;
  • vous désirez voir Benjamin Biolay en grand méchant loup ;
Fuyez si :
  • vous n'avez apprécié aucun des films écrits par Agnès Jaoui et Jean-Pierre Bacri (à un moment donné, il faut savoir renoncer, d'autant qu'on retrouve ici encore leur tonalité habituelle) ;
  • ce qui a trait aux croyances ou aux superstitions vous ennuie profondément ;
  • vous ne supportez pas les séquences qui s'enchaînent sans la moindre logique et/ou homogénéité ;
[À vous de voir] Au bout du conte, 20 ans d'écart ou Elefante Blanco ?
[À vous de voir] Au bout du conte, 20 ans d'écart ou Elefante Blanco ?
20 ans d'écart (David Moreau)
Une romcom sans prétention qui relate la rencontre entre une quadra maman et carriériste et un jeune premier à peine majeur. Bien que le sujet la MILF  ait déjà été amplement rebattu outre atlantique, il est repris ici à la sauce frenchy de manière (étonnamment) brillante. 20 ans d'écart conserve en effet habilement les codes habituels, y compris les personnages caricaturaux (mention spéciale pour Charles Berling dans le rôle du papa poule queutard et de Blanche Gardin dans celui de l'odieuse photographe !) tout en se distinguant par son angle : ici, c'est l'homme qui est candide et la femme qui manipule ! Virginie Efira et Pierre Niney (parfait en amoureux transi et empoté) forment d'ailleurs un duo formidable, a priori improbable mais qui sonne incroyablement vrai. Le film jouit qui plus est d'une réelle finesse scénaristique : entre pics et clins d'œil (la patronne du magazine rappelle inévitablement Miranda Priestly par exemple), dialogues espiègles et répliques cultes, David Moreau manie avec brio – autant qu'il malmène  les clichés et multiplie les scènes hilarantes (la scène de sexe est notamment inoubliable). En résumé, une romcom absolument savoureuse, tendre mais pas mièvre (!), qui brosse en filigrane une satire légère du monde de la mode.En deux mots : attendrissant et drôle.Le petit plus : tenez-vous bien, David Moreau n'est autre que le réalisateur de The Eye et Ils aka deux films d'horreur oui, vous avez bien lu. Avec 20 ans d'écart, il opère donc un revirement plutôt étonnant.N'hésitez pas si :
  • vous désirez voir une romcom qui inverse les schémas classiques (ici pas de mielleuse naïve et de connard-mystérieux-en-réalité-sensible mais un naïf et une manipulatrice) ;
  • vous n'aimez pas le milieu de la mode (David Moreau en brosse une belle caricature !) ;
  • comme moi, vous êtes amoureuse de Pierre Niney (révélé dans J'aime regarder les filles puis dans Comme des frères, il est ici encore fa-bu-leux) ; 
Fuyez si :
  • vous n'aimez pas les comédies romantiques (moi aussi, ce n'est pas une raison !) même quand elles sont réussies (bon, là j'abdique, tant pis pour vous alors !) ;
[À vous de voir] Au bout du conte, 20 ans d'écart ou Elefante Blanco ?
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Elefante Blanco (Pablo Trapero)
Un drame sociétal qui relate la collaboration entre deux prêtres que l'amitié va réunir au cœur des bidonvilles qui fleurissent autour de l’Éléphant Blanc, un hôpital dont la construction n'a jamais aboutie et qui est désormais à l'abandon. Confrontés tour à tour à la violence, à la corruption ou encore à la lâcheté de leurs pairs, le film questionne leur vocation. Si la mise en scène, empreinte d'un réalisme social propre aux documentaires, est parfaitement réussie – on s'empêtre à la perfection dans le dédale de ces favelas argentins , la narration en revanche est quelque peu boiteuse. Pablo Trapero ne parvient pas en effet à dénoncer la misère et la violence qui gangrènent les lieux sans tomber dans la démagogie. En outre, il propose une vision dichotomique assez stéréotypée (le jeune prêtre idéaliste VS le vieux prêtre désabusé) qui ne fait malheureusement qu'effleurer la crise de foi ou la question du célibat par exemple. La sincérité et l'indignation du réalisateur, que l'on sait fortement engagé, transparaissent donc indubitablement dans Elefante Blanco mais ne parviennent pas, paradoxalement, à toucher le spectateur. Un coup de poing somme toute manqué.  En deux mots : social et indolent.Le petit plus : l'actrice qui interprète le rôle de Luciana dans Elefante Blanco n'est autre que la compagne de Pablo Trapero, Martina Gusman. Nos deux tourtereaux n'en sont toutefois pas à leur coup d'essai puisqu'ils ont également collaboré ensemble pour Nacido y criado, Leonara ou encore Carancho.N'hésitez pas si :
  • vous aimez les drames sociaux ;
  • vous voulez en savoir plus sur les bidonvilles argentins ;
  • vous adorez Ricardo Darín et/ou Jérémie Renier (tous deux livrent une belle prestation) ;
Fuyez si :
  • vous ne supportez pas les films stéréotypés ;
  • la question de la foi en Dieu et plus spécifiquement de son ébranlement ne vous intéresse pas ;
Verdict ?J'ai foi en... l'amour ! Et plus spécifiquement, en 20 ans d'écart, une romcom pétillante et glamour qui redonne le sourire en 1h30 – et, pour ma part, à quelques jours de mon anniversaire, ce qui est tout bonnement exceptionnel (en temps normal, rien, pas même une vanne acerbe de Gaspard Proust, ne parvient à animer mes zygomatiques, c'est vous dire)

À vous de voir !

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