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Jessie - Stephen King

Publié le 24 février 2013 par Anaïs

Jessie - Stephen King
Auteur :Stephen King.Langue originale :Anglais. 
Traduction :Mimi / Isabelle PerrinÉditeur : Albin Michel.Date de parution :1993.Pages :389.Prix :20,30€. Jessie - Stephen KingCe qu'en dit l'éditeur 
II ne fallait pas jouer à ce petit jeu, Jessie. Vous voilà enchaînée sur votre lit, le cadavre de Gerald à vos pieds, condamnée à vous enfoncer dans la nuit, la terreur et la folie. Les femmes seules dans le noir sont comme des portes ouvertes... si elles appellent à l'aide, qui sait quelles créatures horribles leur répondront ? Aucun des précédents romans de King ne prépare au huis-clos terrifiant de Jessie, à cette lente exploration de nos phobies et de nos cauchemars les plus sombres. L'histoire de Jessie, sa dernière victime, montre à quel point il ne faut avoir peur que de soi-même.
"King est le marionnettiste de nos fantasmes. Il va jusqu'au bout... Chaque fois le détail tue." L'Express.
 

Mon premier Stephen King.Des années que j'attends ce moment, que je (presque) fantasme sur ce qu'il adviendra quand je tournerai la dernière page. Des années qu'on m'en parle enfin, qu'on me promet un tête-à-tête inoubliable, spécial, un tournant majeur dans ma carrière de lectrice.

Sans doute n'aurais-je pas dû différer autant ma rencontre avec cet auteur, me laissant ainsi tout le loisir de l'idéaliser au gré des critiques plus élogieuses les unes que les autres et donc, fatalement, me condamnant à la déception. Oui car, vous l'aurez sans doute compris, ce ne fut malheureusement pas le coup de foudre escompté. 

C'est donc avec une certaine confusion que je vous livre cette chronique d'un rendez-vous manqué avec le maître de l'angoisse.

Jessie questionne l'instinct de conservation : jusqu'où est-on prêt à aller, physiquement comme moralement, pour survivre ? Suite à une escapade coquine qui va littéralement virer au cauchemar, l'héroïne se retrouve en effet livrée à elle-même– puisque menottée aux montants d'un lit – et en proie à ses vieux démonsStephen King explore donc, au gré d'un soliloque intérieur, les méandres de l'inconscient

Afin de rendre cette descente aux enfers – qui commence d'ailleurs bien plus tôt qu'on ne l'imagine et semble découler de ce qu'on appelle plus communément l'effet papillon – plausible, l'auteur opte pour un rythme non pas effréné mais lent, presque apathique. Choix on ne peut plus judicieux puisque Stephen King parvient à faire coïncider le temps de la narration avec celui de nos montres et ainsi à accroître la tension psychologique.

Cette concomitance temporelle exacerbe également l'intensité dramatique. Cette dernière est d'ailleurs renforcée par la plume éminemment descriptive de Stephen King qui confère un hyperréalisme opportun, quasi synesthésique, au récit. On imagine ainsi parfaitement les décors, on perçoit la puanteur du cadavre de Gerald, on entend le claquement incessant de la porte au gré de la brise... Jamais superflus, les détails servent une atmosphère générale à la fois obsédante et oppressante. 

Ce rationalisme forcené mène toutefois, à mon grand dam, à une clarification systématique des visions qui assaillent Jessie, clarification qui n'était pas, à mon sens, nécessaire et qui a complètement annihilé mon plaisir. Il aurait été plus judicieux selon moi de ne pas trancher – sont-elles le reflet de la réalité ou le fruit de son imagination ?  et ainsi, de laisser le lecteur se faire sa propre opinion sur le caractère hallucinatoire ou non de la présence que ressent Jessie. Ma lecture a par ailleurs été extrêmement refroidie par les séquences gores sur lesquelles l'auteur insiste tout particulièrement et que pour ma part je juge sans grand intérêt. Ces passages n'inspirent en effet aucune terreur mais simplement un profond dégoût qui certes, peut à titre ponctuel servir l'intrigue mais certainement pas lorsqu'il se déploie sur près de quatre cents pages. La surenchère macabre est ici d'autant plus inutile que les thèmes abordés (pédophilie, nécrophilie) m'apparaissent déjà suffisamment lourds. 

Enfin j'ai maudit les voix intérieures qui accompagnent Jessie tout au long de son calvaire. J'ai en effet trouvé cette polyphonie harassante et les voix qui la constituent (Ruth, Nora, Bobonne) agaçantes  je n'ai jamais eu affaire à autant de "ma cocotte" et à ce jour j'ignore si c'est de la fainéantise de la part des traductrices françaises ou une réelle redondance de la part de l'auteur – et pour le moins stéréotypées. Ce recours incessant a donc fini par me rendre insensible au sort de Jessie et sans doute, indirectement, aux qualités indéniables de ce livre. 

En résumé, un huis clos plus oppressant et gore que terrifiant, au réalisme remarquable et éminemment réussi d'un point de vue psychologique mais qui, à terme, s'enlise dans un monologue intérieur interminable, lui-même galvaudé par l'insupportable symphonie des voix intérieures de Jessie et une fin éminemment bâclée.
Le petit plus 
Difficile de rédiger ce "petit plus" sans trop vous en dire. Disons simplement que Stephen King donne une énième bonne raison (si tant est qu'il en faille encore une...) de ne pas abandonner ses animaux. 
N'hésitez pas si :
  • vous aimez les romans psychologiques ;
  • vous recherchez l'angoisse plus que la peur ; 

Fuyez si :
  • le gore vous donne la nausée (vous risquez de finir devant la cuvette de vos W.C. !) ;
  • vous avez besoin d'un minimum d'action ;

***
Le conseil (in)utile 
Je ferai court (pour une fois !) : claustrophobes, s'abstenir.

En savoir plus sur l'auteur

Est-il encore besoin de présenter l'aussi populaire que prolifique Stephen King ? Maître incontesté de l'angoisse, il a publié plus de cinquante romans, plus de cent nouvelles et un nombre tout aussi incommensurable d'essais  la plupart ayant reçu un accueil chaleureux tant de la part des lecteurs que des critiques. Celui qui a parfois écrit sous les pseudonymes de Richard Bachman ou de John Swithen tire cette incroyable réputation de sa capacité à sublimer, dans une atmosphère toujours profondément macabre, l'horreur mais également le paranormal.En 2003, l'auteur de Shining, La Ligne Verte, Cujo ou encore Les yeux du dragon a reçu la médaille de la National Book Foundation pour sa plus que conséquente contribution à la littérature américaine (source wikipedia.org et evene.fr).
Ce livre s'inscrit dans deux de mes challenges : les 170 idées et Stephen King.

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